BFM Business
Economie

ÉDITO. Guerre commerciale: quelles conséquences en France?

placeholder video
L'Union européenne a immédiatement répondu à la hausse des droits de douane américain sur l'aluminium et l'acier. Quelles sont les conséquences de cette guerre commerciale pour les entreprises et le consommateur français ?

L'augmentation des droits de douane américains sur l'aluminium et l'acier est entrée en vigueur mercredi et la Commission européenne a immédiatement répondu par des hausses équivalentes sur différents produits.

Pour les consommateurs français, cela ne changera en rien ou presque. La liste des produits concernée par la hausse des tarifs douaniers en Europe est très limitée: Harley-Davidson, Bourbon du Kentucky et beurre de cacahuète… Pas de quoi mettre le feu au panier de la ménagère.

Pour les entreprises, c'est différent. Il faut voir le court terme et le long terme.

À court terme, ce sont les chaînes de valeur internationales qui vont être impactées, davantage que les entreprises françaises directement. La France, c’est 1,4 milliard de dollars d’exportations de produits métalliques vers les États-Unis. C’est moins de 3% de nos 50 milliards d’exportations vers les États-Unis.

Pour l'économiste Lionel Fontagné, spécialiste de la question, l'impact c’est moins de 1% de la production (0,7%). Franchement, ça ne va pas loin. Ça veut dire que sur les 350.000 salariés de la branche, 2.500 sont à risques. Pas perdus! Simplement à risque. Ce n’est pas rien, mais ce n’est pas la Bérézina non plus.

De nouveaux débouchés à trouver ?

Si les États-Unis ferment leur marché, il y aura d'autres débouchés à se trouver. On se tourne beaucoup vers l’Inde, notamment en ce moment. Le Premier ministre, Narendra Modi, était en visite d’État en France il y a un mois.

Mais nous ne sommes pas les seuls. Les États-Unis viennent de déclencher une guerre commerciale avec le monde entier: la Chine (30 milliards de droits de douane supplémentaires), le Canada (de 15 à 20 milliards), le Mexique (20 milliards). La concurrence sera sévère.

Mais à court terme, tous ces phénomènes restent gérables. L'Insee a documenté l'impact de l'épisode précédent de montée des droits de douane entre 2018 et 2020, il était minimum, sur l'inflation comme sur la croissance.

L’Edito de Raphaël Legendre : Droits de douane, les conséquences en France - 13/03
L’Edito de Raphaël Legendre : Droits de douane, les conséquences en France - 13/03
3:33

La vraie menace est sur le long terme. Elle vient de ce qui s’appelle le "tariffs jumping". C'est-à-dire que pour éviter ces droits de douane, les entreprises risquent de partir s’installer directement aux États-Unis, où en plus le coût de l'énergie est moins cher.

Ce n'est pas nouveau comme politique. C'est ce que souhaite Donald Trump, mais c'est aussi ce qu'a fait Joe Biden avant lui avec l’Inflation Reduction Act. Et ça a marché dans la chimie, dans le ciment, dans la pharmacie…

En attendant c’est surtout le consommateur américain qui va payer la facture...

C'est effectivement aux États-Unis que les prix, notamment des voitures, risquent d'augmenter le plus. Paradoxal alors que Donald Trump a été élu suite à une crise inflationniste.

Il y avait deux versants aux Trumponomics. Côté positif pour la croissance, une stimulation fiscale et beaucoup de déréglementation. Coté négatif, l'augmentation des droits de douane et une politique migratoire très restrictive et donc inflationniste.  

Aujourd’hui le négatif a pris le pas sur le positif. Les craintes augmentent quant à une éventuelle récession outre-Atlantique. D'où le coup de froid sur les marchés américains ces derniers jours. On attendait une accélération de l'économie américaine -le "golden age" promettait Donald Trump- mais au final, ce que l’on constate c’est surtout un réveil des autres pays.

Raphaël Legendre