Les jeans, les motos, les Boeing, les voitures... L'UE donne son feu vert à une riposte à 93 milliards d'euros si aucun accord n'est trouvé avec Donald Trump

Le commissaire européen au commerce Maros Sefcovic. - Olivier Hoslet
Les diplomates européens se sont mis d'accord pour appliquer des représailles à 93 millions d'euros sur les produits américains si les négociations entre Bruxelles et Washington n'aboutissent pas un accord.
Un premier paquet, concernant 21 milliards d'euros de marchandises américaines importées en Europe (soja, jeans, motos...) avait été préparé et approuvé par les États membres en avril. Mais son entrée en vigueur a été suspendue jusqu'à la fin des discussions avec les États-Unis.
Pour le compléter, un second paquet de contre-mesures à hauteur de 72 milliards d'euros a été décidé. Les avions de Boeing et les voitures sont ajoutés, portant le total à 93 milliards d'euros. L'UE a décidé jeudi de fusionner ces deux listes, qui comprennent un très grand nombre de marchandises.
Représailles en suspens
Cette riposte sera déclenchée si les discussions en cours n'aboutissent et que les États-Unis rehaussent unilatéralement leurs droits de douane. Donald Trump a menacé de les porter à 30%.
L'Europe a encore l'espoir de trouver une solution négociée, mais les Européens entendent toutefois faire aussi preuve de fermeté si ces négociations devaient une nouvelle fois capoter.
Bruxelles a listé des biens américains à taxer à partir du 7 août en cas d'échec des discussions, dont une première liste déjà adoptée à hauteur de 21 milliards d'euros, à laquelle s'est ajoutée une deuxième liste à hauteur de 72 milliards d'euros.
Instrument anti-coercition
De l'autre côté, des droits de douane américains rehaussés frappent déjà 380 milliards d'euros de produits européens.
Toutefois, l'UE et les États-Unis seraient sur le point de conclure un accord commercial qui imposerait des droits de douane de 15% sur les produits européens selon des sources concordantes à Bloomberg et au Financial Times. Ce plan de riposte pourrait donc ne pas être déclenché.
Outre ces représailles à hauteur de près de 100 milliards d'euros, l'UE dispose également d'un "instrument anti-coercition", un puissant outil commercial qui lui permettrait d'aller au-delà de simples taxes douanières.
Cet instrument, au départ pensé pour répliquer aux pratiques jugées déloyales de la Chine, permet ainsi à l'UE de bloquer certains investissements ou l'accès à ses marchés publics.