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"Les importations chinoises ont augmenté de 12% en Europe": le gouverneur de la Banque de France pointe un risque de baisse trop rapide des prix

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François Villeroy de Galhau estime que la politique monétaire de la Banque centrale européenne pourrait être infléchie lors des prochaines réunions, alors que l'inflation va passer sous la cible des 2%.

Le gouverneur de la Banque de France voudrait-il aller plus vite dans la baisse des taux? La Banque centrale européenne (BCE) a décidé de maintenir ses taux directeurs inchangés, ce jeudi 11 septembre, mais elle pourrait infléchir sa position lors des prochaines réunions.

"Il est tout à fait possible qu'il y ait une autre baisse des taux", a précisé François Villeroy de Galhau, le gouverneur de la Banque de France, sur le plateau de BFM Business.

Ce dernier explique avoir particulièrement insisté sur la tendance à la baisse de l'inflation lors de la dernière réunion. "Nous avons été plusieurs à pointer les risques à la baisse sur l'inflation", a-t-il expliqué alors que l'indice des prix devrait passer sous la cible de 2% l'an prochain.

Elle devrait s'établir à 2,1% en 2025, puis à 1,7% en 2026 et à 1,9% en 2027.

Pas d'inflation liée aux droits de douane

François Villeroy de Galhau a cité comme explications la tendance à l'appréciation de l'euro par rapport au dollar et la hausse des importations en provenance de Chine. "Chaque fois que l'euro s'apprécie de 3 centimes contre le dollar, et c'est à peu près ce qu'on a vu depuis le mois de juin, ça fait au moins 0,1% d'inflation en moins", a-t-il noté.

"On a beaucoup discuté de la montée de importations chinoises qui sont à bas prix, quand on regarde depuis un an, sur les trois derniers mois de 2025, elles ont augmenté de 12%, c'est assez significatif", assure le gouverneur.

Ce qui contribue mécaniquement à faire baisser les prix. Et ce malgré la guerre commerciale avec les Etats-Unis qui devrait logiquement faire elle grimper les prix.

"Le protectionnisme américain et l'accord conclu cet été n'entrainera pas d'inflation supplémentaire en Europe. Les risques à la hausse me paraissent plus faibles qu'à la baisse, pour l'Europe en tout cas", a-t-il poursuivi, ajoutant que la BCE devait se tenir prête "à bouger s'il le faut".

"De ce point de vue, l'interprétation des marchés m'a semblé montré une certaine exagération dans l'interprétation restrictive", a jugé le gouverneur de la Banque de France.

Lors de sa dernière réunion, la BCE a revu à la hausse ses prévisions de croissance en zone euro pour 2025 mais a abaissé celles de 2026, tout en rehaussant ses projections d'inflation.

Cette année, l'économie de la zone euro devrait croître de 1,2%, soit +0,3 points de pourcentage par rapport à l'estimation de juin. En 2026, la croissance devrait être un peu moins élevée qu'attendu auparavant, à 1,0%, puis remonter à 1,3% en 2027.

P.La.