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"On revient sur un schéma d'avant-Covid": avec le recul de l'inflation, les entreprises se calment sur les augmentations de salaires

Une fiche de paie

Une fiche de paie - AFP

Selon Mercer, la moitié des salariés du privé vont obtenir une augmentation inférieure à 2,5% cette année dans le cadre des négociations annuelles obligatoires. Des revalorisations en nette baisse dans le sillage du ralentissement de l'inflation.

Les entreprises se montrent cette année beaucoup plus frileuses à l'idée d'accorder des augmentations conséquentes à leurs salariés. Selon l'enquête annuelle de Mercer sur les négociations annuelles obligatoires (NAO) réalisée entre octobre 2024 et mars 2025, la revalorisation médiane atteindra 2,5% cette année, contre 4% déclarés à la même période il y a un an. Autrement dit: la moitié des salariés du privé percevra une augmentation supérieure à ces 2,5%, l'autre moitié inférieure.

Des chiffres qui "marquent un recul historique" des budgets dédiés aux revalorisations, d'après Mercer. D'autant que près de 7% des entreprises sondées ont gelé tout ou partie des salaires. Un niveau jamais-vu depuis 2021 car "il n'y avait pas de gel de salaires ces dernières années", explique à BFM Business Sophie de Heer, consultante en Rémunération chez Mercer France.

Il faut dire que l'inflation a fortement décéléré depuis, atteignant en moyenne 0,9% sur les six premiers mois de l'année, après 2% en 2024 et 4,9% en 2023. Un recul "qui ne justifie plus" des augmentations "aussi élevées" que ces dernières années pour les entreprises interrogées. Sans compter "qu'entre l'instabilité économique et politique, il n'y a aucune visibilité", poursuit Sophie de Heer.

"On revient sur un schéma d'avant-Covid"

Autre constat : les augmentations générales prévues dans le cadre des NAO sont cette année réservées aux non-cadres et fondent en conséquence (0,6% en moyenne) au profit des augmentations individuelles. "On revient à un schéma d'avant-Covid. Les augmentations générales c'est essentiellement pour réaligner les salaires avec l'inflation et les entreprises veulent désormais être plus sélectives et récompenser sur la base de la performance", souligne Sophie de Heer.

Sauf que cette situation est loin de contenter tout le monde. En témoigne l'augmentation des procès-verbaux de désaccord (21% fin mars contre 18% il y a un an). En outre, 84% des NAO avaient été finalisées en mars, c'est 9 points de moins que l'an passé. Signe d'un "climat de tension sociale plus élevé cette année", d'après Mercer.

"Après trois années de fortes augmentations, les salariés s'attendaient à ce que ces niveaux soient maintenus dans le temps", détaille encore Sophie de Heer.

Même si cela ne suffit pas toujours, les entreprises négocient des éléments périphériques en plus des revalorisations classiques. Parmi ces éléments : l'augmentation de la contribution des titres restaurant (cité par 15% des entreprises), les initiatives en faveur de l'égalité hommes-femmes (13%), la prise en charge par l'employeur de la partie des coûts des régimes de soins de santé et de prévoyance (7%), l'allocation de mobilité (7%), l'augmentation de la contribution aux transports (7%) ou encore une revue de l'accord d'intéressement et de participation (6%).

https://twitter.com/paul_louis_ Paul Louis Journaliste BFM Eco