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"Travailler plus est un impératif économique": le patron du Medef pose ses conditions à Bayrou pour le budget 2026

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Le président du Medef, la principale organisation patronale, Patrick Martin a notamment mis en garde contre tout retour de l'ISF et plaidé au contraire pour une reprise des allègements d'impôts.

Le président du Medef Patrick Martin a appelé à "travailler plus" ce mercredi 27 août, à l'ouverture de la 7e Rencontre des entrepreneurs de France. C'est "un impératif économique et un impératif social", a-t-il martelé lors d'un discours, notamment adressé aux partis politiques à l'approche d'un vote de confiance explosif pour le gouvernement Bayrou le 8 septembre.

"Je crains beaucoup pour la suite si rien n'est fait pour enrayer la spirale descendante. Notre situation est critique dans de nombreux secteurs", a poursuivi Patrick Martin, citant notamment le bâtiment, la chimie, la sidérurgie ou la restauration.

Le président du Medef a estimé que "les décideurs politiques doivent dépasser leurs rivalités", tout en constatant que "cela n'en prend pas le chemin". Il s'est dit "consterné" par "les premières réactions politiques" négatives à l'annonce par le Premier ministre François Bayrou, auquel il apporte son soutien depuis plusieurs jours.

Refus d'un retour de l'ISF

Le chef de file de la principale organisation patronale a toutefois posé des conditions alors que le Premier ministre a tenté mardi de donner des gages au Parti socialiste en se disant favorable à des hausses d'impôts pour les plus aisés et à la suppression de certaines niches fiscales. Patrick Martin a mis en garde mercredi contre tout retour, sous une forme ou une autre, de l'Impôt de solidarité sur la fortune (ISF), assurant que le Medef s'y opposerait.

"Sous la menace d'un retour déguisé de l'ISF, nos entreprises familiales retiennent aujourd'hui plus encore leurs investissements (...) Je veux être clair (...): quelle qu'en soit la forme, un retour de l'ISF serait ravageur pour notre économie, et nous nous y opposerons", a déclaré Patrick Martin qui a également taclé la proposition de taxe de l'économiste Gabriel Zucman, soutenue par la gauche et le PS.

Reprise des baisses d'impôts

Au contraire, le président du Medef a réclamé la reprise de la politique de l'offre en demandant notamment la suppression de la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE) et de la contribution sociale de solidarité des sociétés (C3S). "Il faut baisser les dépenses, certainement pas augmenter les impôts. Si le budget n'intègre pas ces mesures (...) nous nous attendons à de lourdes séquelles pour l'économie et l'emploi", a clamé Patrick Martin.

"Laissez nous croître, investir, innover, embaucher (...) qu'on nous lâche la bride sur le cou", a tonné le patron des patrons.

Patrick Martin a également dénoncé "un fantasme sur les aides aux entreprises", évaluées par une commission d'enquête sénatoriale à 211 milliards d'euros par an (112 milliards d'euros selon le Haut commissariat au Plan).

Augmenter le taux d'emploi

Le président du Medef a précisé que son "fil rouge" était l'augmentation du taux d'emploi (c'est-à-dire la proportion de personnes en emploi parmi la population en âge de travailler), se fixant notamment l'objectif de "faire diminuer le chômage des jeunes de moitié en cinq ans". C'est ainsi qu'il a justifié son soutien à la dernière réforme des retraites et sa position ferme lors du conclave organisé par François Bayrou.

En 2023, la France affichait un taux d'emploi légèrement inférieur à la moyenne européenne (68,4% contre 70,4%) selon les chiffres de l'Insee, en particulier chez les plus de 60 ans. "En s'alignant sur la moyenne européenne, voire sur l'Allemagne et la Suède, la France gagnerait jusqu'à 3 à 6% de PIB supplémentaire selon l'effet estimé sur la productivité", estimait récemment l'institut Rexecode, proche du patronat.

Pour l'heure, l'Hexagone se dirige plutôt vers une augmentation du chômage. Les économistes de l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) prévoient que le taux de chômage, actuellement à 7,4%, grimpe à 8,1% en fin d'année et à 8,9% en 2026, pour se stabiliser à 9% en 2027.

Pierre Lann