BFM Business
Economie et Social

Surendettement: femmes, chômeurs et familles monoparentales en première ligne

-

- - Fred Dufour-AFP

Le nombre de dossiers de surendettement recule pour la cinquième année consécutive, selon la Banque de France, mais ce phénomène concerne encore plus de 143.000 ménages.

Des milliers de Français croulent sous les dettes. Un peu plus de 143.000 dossiers de surendettement étaient dans les mains de la Banque de France en 2019. Et, parmi eux, 81.000 "primodépôts", soit 152 nouvelles situations pour 100.000 habitants de plus de 15 ans.

"Le nombre de primodépôts, en baisse de 8% en un an, est largement inférieur désormais à son niveau de 1990", souligne néanmoins la banque centrale dans son bilan annuel, qui rappelle que le surendettement toutes situations confondues recule pour la cinquième année consécutive.

Un succès que la Banque de France attribue à la mise en place d'une procédure collective par la loi Neiertz, adoptée en 1990 et récemment révisée, ainsi qu'à la série de mesures adoptées dans son sillage: effacement des dettes en cas de faillite personnelle (loi Borloo en 2003), encadrement du crédit consommation, limitation du rééchelonnement des dettes à huit ans (loi Lagarde en 2010) puis à sept ans (loi Hamon en 2014). Le nombre de dépôts de dossiers auprès des secrétariats diminue en effet de 12% par rapport à l’année précédente et de 38% par rapport à 2014.

Reste que ce déclin masque une évolution du surendettement. Si, dans les années 1990, il s'agissait avant tout d'abus du crédit à la consommation, ce phénomène touche aujourd'hui "principalement une population aux ressources insuffisantes pour faire face aux dépenses courantes du ménage, et non des personnes incapables de gérer un budget ou faisant montre d’une prodigalité excessive", souligne la Banque de France. "Près de 56% des personnes surendettées vivent dans un ménage dont le niveau de vie est inférieur au seuil de pauvreté", précise-t-on, contre 14,1% des résidents français en général.

Hauts-de-France et Normandie

Les femmes sont en première ligne. Moins bien payées que les hommes, de 18% en moyenne dans le privé selon l'Insee, "et quatre fois plus souvent chef de famille monoparentale", elles représentent 55% des personnes surendettées en 2019 dans les tranches d’âge les plus touchées par le surendettement, soit de de 25 à 54 ans, "alors qu’elles ne sont que légèrement plus nombreuses que les hommes dans ces tranches d’âge au sein de la population française", explique la Banque de France.

Les familles monoparentales sont, elles aussi, particulièrement vulnérables. Elles constituent un cinquième des ménages surendettés (20,9%), alors même qu'elles ne représentent que 9,3% des ménages français. "La séparation d’un couple est l’un des facteurs qui accentuent la survenance du surendettement", ajoute la Banque de France. Par ailleurs, un quart des personnes surendettées sont au chômage, contre 5,1% de la population française âgée de 15 ans et plus.

Les disparités sont aussi territoriales. Les Hauts-­de-­France affichent un taux de 419 situations de surendettement pour 100000 habitants, supérieur de 21% à celui de la Normandie, à la seconde place. Les départements "d'ancienne industrialisation" au premier plan : Seine-­Maritime, Eure, Nord, Pas-de-Calais, Aisne, Territoire de Belfort, ainsi que la couronne périurbaine autour de l'Île-de-France. "Sont également très touchés cinq départements contigus du centre de la France (…) révélateurs de difficultés économiques et sociales dans la zone géographique qui les rassemble", note la Banque de France.

Jérémy Bruno, avec AFP