Le surendettement des ménages recule mais pas la vulnérabilité des familles monoparentales

S’agissant des débiteurs et codébiteurs dont les situations sont orientées vers le rétablissement personnel, la part des femmes est supérieure dans toutes les tranches d’âge à leur part dans la population française. - Fred Dufour-AFP
Le nombre de dossiers de surendettement et le montant de la dette totale des ménages surendettés ont baissé en 2018, selon un rapport publié ce mardi par la Banque de France. L'an dernier, 162.936 dossiers de surendettement ont été déposés auprès des commissions de surendettement de la Banque de France, un chiffre en baisse de 10% sur un an et de 27% par rapport à 2013. Près de 91% d'entre eux, soit 147.853 dossiers, ont été jugés recevables, précise la Banque de France.
Le montant total de la dette contractée par les ménages éligibles à la procédure du surendettement a atteint 6,6 milliards d'euros, soit une baisse de 8,8% sur un an et de plus de 20% par rapport au pic de 2014.
La plupart des autres indicateurs liés à l'endettement de ces ménages surendettés sont aussi à la baisse. La part des dettes à la consommation a atteint 37,8 % (elle était de 45,9 % en 2014) et plus d’une situation de surendettement sur cinq ne comporte aucune dette à la consommation, contre une sur dix en 2011. La part de l’endettement immobilier, qui était en augmentation constante depuis 2010, se réduit également en 2018 (à 35,2 %, contre 36 % en 2017) même s'il ne concerne que 15% des surendettés, les trois quart d'entre eux étant locataires.

En dépit de ce constat de réduction globale de l'endettement des ménages, le rapport de la Banque de France révèle que près de la moitié des ménages surendettés n’a aucune capacité de remboursement.
Les personnes surendettées sont le plus souvent isolées et dans une situation sociale difficile", a constaté le représentant de la banque centrale, Stéphane Tourte, directeur des particuliers, ajoutant que la situation familiale était "très discriminante", près de 68% d'entre elles étant sans conjoint.

Les femmes sont davantage victimes du surendettement que les hommes: 57,6 % des débiteurs et codébiteurs (cf infographie ci-dessus) dont les situations sont orientées vers le rétablissement personnel (effacement total des dettes) sont des femmes, alors que ces dernières représentent 52,3 % de la population française.
Cette grande vulnérabilité peut s'expliquer par le fait qu'elles sont huit fois plus souvent l'adulte référent d'une famille monoparentale (que les hommes) et perçoivent un revenu personnel médian inférieur de 23% à celui des hommes, suggère le rapport.
Plus de la moitié des personnes surendettées vivent en-dessous du seuil de pauvreté contre 14% de la population française, indique le rapport. Conséquence, les procédures de rétablissement personnel, qui permettent l'effacement total des dettes en cas d'incapacité de remboursement, sont en constante augmentation. Elles ont ainsi concerné 45% des dossiers de surendettement en 2018, un ménage sur deux n'ayant eu aucune capacité de remboursement l'an dernier.