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Un syndicat d'enseignants crée l'émoi avec son simulateur de calcul de retraites

Des enseignants s'émeuvent sur Twitter de la baisse drastique de plus de 30% de leur future pension calculée avec le simulateur mis en ligne par le SNES-FSU (syndicat national des enseignements de second degré). Il compare leur situation actuelle à celle qui serait créée par la réforme des retraites, à laquelle le syndicat est hostile.

Les enseignants du public font-ils partie des fonctionnaires d'État qui seront particulièrement victimes de la future réforme gouvernementale, instaurant un système universel de retraite à points? Dans le système actuel, la pension est calculée pour eux sur les 75% du dernier traitement brut des six derniers mois avant la retraite. Dans le futur système, la retraite serait calculée sur l'ensemble de la carrière de l'enseignant, alors que leur salaire débute assez bas (1828 euros brut/mois pour l'année de stage et 2067 euros brut/mois l'année de la titularisation au 1er janvier 2020, selon le ministère).

Selon le récent bilan social (2017-2018) du ministère de l'Éducation nationale, la pension moyenne des nouveaux retraités de l'enseignement anciennement titulaires partis en 2017 atteignait 2600 euros.

Des baisses fortes de pension en cas de carrière longue

Or, le syndicat SNES-FSU, principale organisation représentative des professeurs du second degré, tend à accréditer la thèse d'une chute drastique de ces pensions de l'ordre de 30%. C'est ce qui ressort du simulateur de calcul des futures pensions qu'il a mis en ligne il y a quelque jours sur son site. "Il vous permet d’estimer l’évolution de votre pension en cas d’application immédiate de la réforme" explique le syndicat, hostile à la réforme et appelant à la grève le 5 décembre prochain.

Les calculs sont faits sur la base d’une carrière achevée au dernier échelon de la hors-classe en prenant en compte une indemnité, l'ISOE (indemnité de suivi et d'orientation des élèves, versées à tous dans le second degré), mais "sans prendre en compte les droits familiaux et certaines indemnités dont la mesure est plus volatile (indemnité de résidence, éducation prioritaire, par exemple)" ajoute le SNES.

Selon les calculs du syndicat, plus la durée travaillée (qui varie de 38 ans à 43 ans avec son simulateur) par l'enseignant est longue, plus la perte subie à la retraite est importante. Le calcul pour un professeur certifié ayant travaillé 43 ans de 1990 à 2033 (sans heures supplémentaires prises en compte), perdrait environ1000 euros de pension mensuelle (2885 euros/mois brut contre 1817 euros/mois avec la réforme).

Sur Twitter, certains internautes (cf illustration ci-dessus) s'inquiètent déjà de ces résultats inquiétants pour leur future retraite, des calculs effectués avec le simulateur du SNES.

D'autres internautes font toutefois remarquer qu'aucun calcul n'est possible sachant que, notamment, la valeur du point qui servira au calcul (dans le futur système universel à points) n'est pas connue (cf illustration ci-dessous).

De son côté, le gouvernement a tenté de déminer le terrain depuis plusieurs semaines, auprès des enseignants. "Quand vous parlez de revisiter le contrat avec la nation, c'est pour l'ensemble de la fonction publique", avait déclaré le Haut-commissaire aux retraites, Jean-Paul Delevoye, sur France, le 29 octobre. Ce serait, selon lui, une "injustice" d'appliquer "brutalement" la réforme par exemple aux enseignants. "Il faut mettre des mesures d'accompagnement pour pouvoir faire en sorte qu'il y ait un nouveau contrat avec les enseignants avec une revalorisation de leur rémunération (...)", a-t-il développé.

En effet, la revalorisation des salaires de l'ensemble des professeurs des écoles qui produire ses effets tout au long de leur carrière (réclamée de longue date par les syndicats) sera difficilement évitable pour l'État s'il veut faire passer la pilule amère de sa réforme pour ces fonctionnaires. La seule prise en compte des primes et indemnités que touche le corps enseignant au cours de sa carrière, et qui représentent au mieux 10% de leur salaire brut, ne saurait apparemment compenser la perte subie par l'instauration du future système de retraite universel.

Frédéric Bergé