Retraites: Laurent Berger estime que la crise démocratique n'est pas du seul fait du gouvernement

Invité de la matinale de LCI, le secrétaire général de la CFDT est revenu sur la "crise démocratique" qu'il évoquait déjà en marge du cortège parisien de la dernière journée de mobilisation contre la réforme des retraites jeudi dernier. "Cette crise démocratique, ce n’est pas dire que c’est la seule et entière responsabilité du gouvernement, a-t-il insisté. Je ne l’ai jamais dit et ce n’est pas ce que je pense. Je pense qu’il y a des sous-jacents à cette crise démocratique."
Pour Laurent Berger, cette crise démocratique ne signifie pas pour autant que la France n'est pas un pays démocratique mais plutôt "qu'il y a aujourd'hui un ressenti". "Nous sommes dans un pays où la défiance dans les institutions est malheureusement extrêmement puissante, a-t-il poursuivi On le voit à l’égard de ceux qui gouvernent et c’est le cas de plusieurs autres institutions."
"Le deuxième point est qu’il y a une réalité sociale qui est difficile. Cette réalité sociale, c’est l’enquête qui est sortie ces derniers jours et qui montre qu’une personne précaire sur deux saute un repas."
Une montée en puissance du RN favorisée
Le leader syndical a souligné le fait qu'une crise démocratique était une "conjonction de phénomènes". Parmi ces phénomènes, il cite également "un sentiment d'invisibilité au sein d'une société fatiguée et fracturée": "Regardez ce qui se passe sur cette réforme des retraites. C’est le monde du travail dans son immense diversité, son épaisseur et dans sa réalité locale avec de grosses manifestations, qui s’exprime contre la réforme des retraites mais aussi pour dire « on est là, on veut de la reconnaissance »."
Laurent Berger a fini son propos par une critique à l'égard de la "représentation nationale" et "de l'exercice de la responsabilité du pouvoir" qui sont mis en défiance par la population: "On a une verticalité du pouvoir d’un côté et de l’autre un Parlement où le spectacle qui est donné est malheureusement indigne." Selon le secrétaire général de la CFDT, l'ensemble de ces éléments favorise la montée du RN:
"Les deux ressorts du Rassemblement national sont le ressentiment social et la défiance dans les institutions et c’est ce qui est en train de prospérer aujourd’hui. Je lance une alerte et cette alerte est prise comme une forme d’attaque et je crois qu’il y a une erreur de la part du gouvernement."