Retraites: transports, écoles, éboueurs... A quoi s'attendre en ce nouveau jeudi de grève?

De nombreux secteurs d'activité seront mobilisés contre la réforme des retraites pour cette neuvième journée de grève qui survient quelques jours après le rejet des différentes motions de censure pour contrer le recours du gouvernement au 49.3.

Le mouvement social peut-il encore faire reculer le gouvernement? La neuvième journée de mobilisation contre la réforme des retraites le 23 mars doit en tout cas entretenir cet espoir alors que les deux motions de censure ont été rejetées lundi par l’Assemblée nationale. Ces derniers jours, plusieurs responsables syndicaux ont appelé à amplifier la protestation contre le projet de loi et notamment le recours au 49.3. Si des rassemblements plus ou moins massifs sont prévus dans un grand nombre de villes françaises, plusieurs secteurs d’activité devraient aussi répondre présents ce jeudi.

Un retour des fortes perturbations dans les transports ?

Les syndicats cheminots se sont positionnés en faveur d’une grève reconductible qui a débuté le mardi 7 mars. Si les perturbations étaient importantes dans les premiers jours de cette grève, elles ont décru au fur et à mesure mais pourraient regagner en intensité en raison du succès du 49.3. Pour le 23 mars, la SNCF prévoit toutefois un trafic "très fortement perturbé". Dans le détail, 1 TGV sur 2 et 1 TER sur 3 circuleront en moyenne. En revanche, aucun Intercités ne roulera, hormis deux allers-retours Paris-Clermont et deux allers-retours Paris-Brive.

Du côté de la RATP, le trafic sera particulièrement perturbé sur les RER A et B avec un train sur deux et des interconnexions maintenues à Nanterre-Préfecture et Gare-du-Nord. Pour ce qui est du métro, seules lignes automatisées (1 et 14) circuleront normalement. La RATP prévoit un train sur deux pour les lignes 7, 7bis, 9, 10 et 13 et un train sur trois pour les lignes 2, 3, 3bis, 5, 6, 8 et 12. Des réseaux de transports régionaux devraient également être touchés comme le réseau Ligne d’Azur à Nice.

Dernier jour de mobilisation dans les airs et les ports

Dans le secteur aérien, la Direction générale de l’aviation civile (DGAC) a demandé aux compagnies aériennes d'annuler 30% des vols à Orly et 20% à Lyon, Marseille et Toulouse jeudi en raison d'une grève de contrôleurs aériens opposés à la réforme des retraites. Le 23 mars marque la dernière journée du préavis de grève déposé par le syndicat USAC CGT et qui court depuis lundi.

Le 23 mars sera aussi le dernier jour de la mobilisation encouragée par la CGT des Ports et Docks depuis ce mardi. En ce qui concerne les automobilistes, des blocages ou des opérations escargots sont à prévoir alors que la CFDT FGTE et la fédération SUD-Solidaires Transports Routiers ainsi que la fédération FO Transports et de la Logistique ont appelé à la grève après-demain.

Les difficultés devraient persister dans les raffineries

La situation est complexe dans les six raffineries conventionnelles que compte l’Hexagone. Celle de TotalEnergies à Donges (Loire-Atlantique) est déjà à l'arrêt pour un problème technique extérieur au mouvement social tandis que deux autres sont à débit réduit, à savoir celle de TotalEnergies à Feyzin (Rhône) près de Lyon et celle d'Esso-ExxonMobil à Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône). Vendredi soir, la plus grande raffinerie de France, le site TotalEnergies de Gonfreville-L'Orcher en Normandie a également vu ses unités de production progressivement s'arrêter suivie quelques jours plus tard par la raffinerie Pétroineos à Lavéra (Bouches-du-Rhône). La CGT prévoyait également un arrêt de la raffinerie d'Esso-ExxonMobil à Port-Jérôme-Gravenchon (Seine-Maritime) au plus tard aujourd’hui en raison d'une grève au dépôt pétrolier du Havre qui limite les arrivées de pétrole brut à raffiner.

Alors que plusieurs stations-service présentent des ruptures sur un voire plusieurs carburants, le gouvernement a annoncé aujourd’hui les premières réquisitions de personnels dans ce dépôt près de Marseille qui approvisionne la région PACA et l'est de la région Occitanie en carburants, ainsi que la région lyonnaise.

Des fermetures d’écoles?

Les principales fédérations syndicales de l’enseignement, la Snuipp-FSU et la Snes-FSU, se joignent à la mobilisation nationale. D'après le syndicat national unitaire des instituteurs, professeurs des écoles et PEGC, une école parisienne sur cinq devrait être fermée demain tandis que le taux de grévistes devrait atteindre les 70%. Au niveau national, entre 40 et 50% des professeurs du primaire seront en grève.

En revanche, les fermetures de collèges et de lycées sont plus difficiles à anticiper. Par ailleurs, les autres services scolaires et périscolaires tels que la cantine, la garderie et les crèches sont susceptibles d’être touchés.

La grève des éboueurs parisiens reconduite jusqu’au 27 mars

Alors que plus de 9000 tonnes jonchent encore le sol des rues de la capitale, la CGT Services Publics vient de voter la reconduction de la grève des éboueurs à Paris jusqu'à lundi prochain. Le préfet de police avait procédé à des réquisitions en fin de semaine dernière, après le refus de la maire de Paris Anne Hidalgo de le faire elle-même en soutien au mouvement de grève.

Timothée Talbi