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Réforme des retraites: quelles sont les prochaines actions des syndicats après le recours au 49.3?

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Quelques heures après l'annonce d'Elisabeth Borne de recourir au 49.3 pour faire passer le projet de loi, l'intersyndicale a annoncé une neuvième journée de mobilisation le jeudi 23 mars. Plusieurs secteurs ont rapidement appelé à de nouvelles actions pour poursuivre le mouvement de contestation.

Les organisations syndicales se mettent en ordre de marche pour maintenir la pression sur l'exécutif et le Parlement. Hier après-midi, la Première ministre a officiellement indiqué qu'elle optait pour le troisième alinéa de l'article 49 de la Constitution afin de faire passer la réforme des retraites du gouvernement. À l’issue d'une réunion au siège de la CGT à Montreuil, l'intersyndicale a appelé à une neuvième journée de mobilisation le jeudi 23 mars en réaction à cette décision. En attendant, l'union des 8 formations syndicales invite les Français à "mener des actions calmes et déterminées" et "appelle à des rassemblements syndicaux de proximité ce week-end".

Déjà en amont de cette réunion, le secrétaire général de la CFDT Laurent Berger annonçait de "nouvelles mobilisations" en réponse au 49.3: "Evidemment qu'il y aura de nouvelles mobilisations, parce que la contestation est extrêmement forte, on a déjà énormément de réactions de la part des équipes syndicales. "La mobilisation et les grèves doivent s'amplifier", a insisté son homologue cégétiste Philippe Martinez. La secrétaire confédérale Céline Verzeletti s'est également prononcée dans ce sens: "Il faut arriver à créer les conditions d'une grève massive dans le maximum de secteurs professionnels".

Deux raffineries à l'arrêt

Le secteur de l'énergie s'est montré particulièrement réactif puisque la CGT a annoncé l'arrêt à partir de ce week-end de la raffinerie TotalEnergies de Normandie, où les salariés sont en grève mais où les expéditions se poursuivent. "Les salariés ont haussé le ton" et "les principales unités commenceront à s'arrêter à partir de demain" de manière à ce que "normalement, la raffinerie soit arrêtée ce week-end ou lundi au plus tard", a détaillé le coordonnateur CGT Eric Sellini qui a également précisé que "les livraisons se font de façon sporadique" depuis la raffinerie d'Esso à Fos-sur-Mer.

Les raffineries de La Mède et de Donges restent en grève et alors que les expéditions avaient repris hier sur le site Petroineos à Lavera, Olivier Mateu a indiqué que la raffinerie des Bouches-du-Rhône devrait être à l'arrêt dès lundi. "Le mouvement est très loin de s’essouffler, au contraire, a souligné vendredi matin le secrétaire de l'Union départementale CGT. On va laisser libre cours à la créativité des travailleurs sur leur lieu de travail et on va faire en sorte qu’ils se retrouvent le plus possible."

"J’invite tout le monde à aller faire le plein vite fait car ça va vite manquer", a lancé sur BFMTV Emmanuel Lépin, secrétaire général de la Fédération nationale des industries chimiques.

Au Havre, la Compagnie industrielle maritime (CIM), qui alimente en carburants la raffinerie de Normandie (Total), celle de Gravenchon (Exxon) ainsi que les aéroports parisiens, est bloquée depuis jeudi jusqu'à dimanche matin, contre la réforme des retraites et pour le pouvoir d'achat, selon la CGT. Depuis plusieurs jours, les syndicats du pétrole proposaient aux grévistes des raffineries de durcir le mouvement en arrêtant la production, mais ces derniers renâclaient à entamer ces opérations techniquement délicates et longues.

Grève reconduite jusqu'à lundi chez Sud Rail

Plusieurs responsables syndicaux dans les secteurs du transport et de l'énergie ont mis en garde contre de possibles "débordements" ou "actions individuelles" de salariés de la base. Les transports sont effectivement l'autre secteur qui maintient un fort niveau de mobilisation contre la réforme des retraites. Le syndicat des cheminots Sud Rail vient aussi de voter la reconduction de la grève jusqu'à lundi 11 heures. "L’enjeu est de continuer la mobilisation et de l’élargir", espère Fabien Villedieu, délégué syndical Sud Rail au micro de BFMTV.

"Les cheminots, les raffineurs et les éboueurs ne tiendront pas tout seul. Il ne faut surtout pas baisser en intensité et si on accentue la mobilisation, la victoire est à portée de main."

Dans la capitale, la journée a démarré par une opération de blocage du périphérique nord menée par la CGT Paris ce matin. "Depuis ce matin, des militants.es et salarié.es mobilisé.es contre la réforme des retraites organisent des barrages filtrants aux points d'accès du périphérique parisien des Portes d'Italie, de Clignancourt et de Montreuil", indiquait la CGT dans un communiqué. Dans le même temps, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a annoncé sur RTL que les réquisitions ordonnées d'agents de propreté avaient commencé afin de ramasser les déchets qui s'entassent dans les rues.

Dans un communiqué, le syndicat étudiant L'Alternative a appelé les étudiants à tenir des assemblées générales dès vendredi "pour bloquer leurs lieux d'études" et "à se rapprocher des secteurs en grève, à repérer et bloquer les axes routiers, les gares, les ports et aéroports à proximité pour soutenir les travailleurs". Plusieurs représentants syndicaux souhaitent entretenir la protestation d'ici la grande journée de mobilisation prévue jeudi prochain à l'image de la secrétaire nationale de l'Union générale des ingénieurs, cadres et techniciens CGT Fabienne Tatot sur le plateau de BFMTV:

"On appelle à des rassemblements dès ce week-end devant les permanences de députés et dans les villes et villages. Et on appelle aussi les salariés qui sont toujours très motivés à participer à des actions."
Timothée Talbi