Pourquoi certains ménages ne demandent pas à toucher des aides sociales auxquelles ils ont droit

Quand on pose la question aux Français, ils sont encore 39% à répondre: "par manque d'informations". Mais la proportion de ceux qui évoquent la crainte des conséquences négatives ou la volonté de s’en sortir par soi-même augmente significativement.

Depuis que les aides sociales existent, il y a toujours eu, en France, des personnes dont les revenus modestes leur donnent droit à des aides sociales et qui, pourtant, ne cherchent pas à en bénéficier ou renoncent, après s’être informés. Et quand on demande aux Français les raisons pouvant expliquer que certains se privent de ce soutien financier, on constate une grande diversité d'explication.

La Drees (Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques au ministère du Travail) les liste dans sa dernière enquête sur le sujet publiée ce mercredi. Le manque d'information reste la raison principale, citée en premier par 39% des personnes interrogées. Arrivent, ensuite, la complexité des démarches (23%), la crainte des conséquences négatives (18%) et la volonté de s’en sortir par soi-même (16%).

La peur des conséquences négatives, raison de plus en plus souvent invoquée

Cette étude de la Drees posant, chaque année, les mêmes questions, on peut constater que le manque d'informations, s'il domine toujours dans les réponses, est de moins en moins cité. En 2017, 53% des répondants le voyaient comme la principale cause du non-recours aux aides sociales.

A l'inverse, le nombre des Français qui mettent en avant la volonté de s’en sortir soi-même, de ne pas apparaître comme une personne assistée, a nettement progressé, puisqu'ils n'étaient que de 11% à citer cette raison en 2017. De même que de plus en plus de personnes pointent du doigt les conséquences négatives du recours aux aides sociales: avoir à rendre des comptes, faire l’objet de contrôle, perdre d’autres droits, devoir payer des impôts auxquels on échappait ou avoir des problèmes avec l’administration.

Les allocations familiales sont les aides sociales les plus connues

Par ailleurs, la connaissance qu'ont les Français des diverses aides sociales existant au plan national diffère d'un dispositif à l'autre. Ceux qui existent depuis longtemps et bénéficient à un nombre important de ménages disposent d'une exceptionnelle notoriété: 97% des Français connaissent les allocations familiales (5 millions de bénéficiaires), 96%, les aides au logement (6,1 millions) et 95%, le RSA (4,2 millions).

En revanche, un peu moins de quatre Français sur dix, ont déjà entendu parler de l’allocation personnalisée d’autonomie (1,3 million et demi de seniors bénéficiaires). Quant à la complémentaire santé solidaire avec participation financière, elle pâtit de sa jeunesse. Seules 28% des personnes interrogées disent connaître l'existence de cette mutuelle à un prix très abordable (de 8 à 30 euros par mois, selon l’âge) proposée sous conditions de ressources. Ses bénéficiaires se limitent à 1,3 million de personnes, chiffre qui pourrait être largement supérieur si tous ceux qui y ont droit en faisaient la demande.

https://twitter.com/PierreKupferman Pierre Kupferman Rédacteur en chef BFM Éco