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"Je n'ai pas envie de crever derrière la benne": un éboueur justifie son opposition à la réforme des retraites

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Invité sur le plateau de BFMTV, Brahim Sidibé, chauffeur éboueur, rappelle que lui et ses collègues font un métier pénible et s'inquiète des conséquences d'un report de l'âge légal de départ à la retraite à 64 ans.

Depuis quelques jours, le mouvement contre la réforme des retraites se fait sentir dans les rues de plusieurs villes de France: les éboueurs sont particulièrement mobilisés contre le report de l'âge légal de départ. "Le métier que l'on fait, c'est un métier pénible", justifie ce mercredi sur le plateau de BFMTV Brahim Sidibé, chauffeur éboueur.

"Je suis éboueur, ça fait treize ans que je fais ce métier-là. Pendant huit ans, j'étais derrière la benne à collecter les déchets et aujourd'hui je [suis sur] les poids lourds", explique-t-il.

"On a des collègues inaptes, certains qui n'arrivent même pas à l'âge [actuel] de départ à la retraite, alors si on passe à 64 ans...", s'inquiète ce chauffeur éboueur.

Les éboueurs peuvent partir actuellement à 57 ans s'ils sont fonctionnaires de la mairie de Paris. Avec la réforme, l'âge légal sera repoussé à 59 ans. Mais Brahim Sidibé est salarié du secteur privé: l’âge légal actuel est de 62 ans. Avec la réforme: 64 ans.

"Je vous le dis très clairement, vous m'excuserez, je n'ai pas de langue de bois, cette réforme si ça passe, j'appelle ça une réforme d'assassin", lance-t-il sur le plateau de BFMTV.

Macron est "complètement déconnecté de la réalité"

Lui et ses collègues continueront "absolument" leur mouvement, même si la réforme des retraites est adoptée ce jeudi par le Parlement.

"On parle de la santé! Je n'ai pas envie de crever derrière la benne. Moi aussi, j'ai envie de profiter, ne serait-ce que de deux ans, à voir mes enfants grandir", explique Brahim Sidibé.

Pendant le Covid-19, "les Parisiens étaient cloîtré chez eux à se protéger contre le coronavirus, nous on a répondu présents", rappelle-t-il, disant même avoir reçu à l'époque les félicitations du maire du 15e arrondissement, Philippe Goujon, lorsque ce dernier visitait un site de travail.

Depuis plusieurs jours, l'édile réclame "un service minimum" et la "réquisition" des éboueurs grévistes. La maire de Paris, Anne Hidalgo, a refusé d'organiser ces réquisitions.

Brahim Sidibé estime que le travail que lui et ses collègues ont fait pendant la crise sanitaire "a été oublié." Le chauffeur éboueur estime qu'Emmanuel Macron "est dans son bunker, complètement déconnecté de la réalité."

"Ces gens-là, je les invite à venir exercer le métier avec moi une journée. Une journée, et le lendemain on verra ce qu'ils diront", affirme-t-il.

Ariel Guez