Gilets jaunes: le ras-le-bol fiscal comme moteur
Bonne nouvelle: le prix du carburant baisse à la pompe depuis quelques jours. Mais ça n'empêchera pas les gilets jaunes de se mobiliser ce samedi 17 novembre. Car les racines du mécontentement sont sans doute plus profondes: les gilets jaunes carburent au ras-le-bol fiscal. Taxe carbone mais aussi hausse taxe sur tabac, de la CSG pour les retraités… Les Français en colère ne sont peut-être pas allergiques à la fiscalité écologique mais à la fiscalité tout court à en croire leurs revendications.
Car c'est un fait, les prélèvements ont fortement augmenté depuis 2009. Les poids des prélèvements obligatoires (impôts, taxes et cotisations) a cru quasiment non-stop depuis la crise. Il était de 41% du PIB en 2009, il a grimpé à plus de 45% en 2017. Une hausse durement ressentie par les classes moyennes ou moyennes supérieurs puisque le seul impôt sur le revenu est payé par 42% de la population. Ce sont eux qui expriment ce ras-le-bol, ces classes moyennes qui ont l’impression de payer toujours plus.
Et pourtant le gouvernement tente d'inverser la tendance depuis quelques mois. Car si les prélèvements vont atteindre le chiffre record de 1057 milliards d’euros en 2018, cette hausse s’explique par la croissance de l’activité dans le pays. Plus de création de richesses, donc plus de rentrées fiscales. Mais si le gouvernement d’Emmanuel Macron s’échine bien à baisser la fiscalité (avec la suppression partielle de la taxe d’habitation par exemple), en même temps, il y a de nombreuses créations d’impôts et de taxes.
Selon le cabinet Ernst & Young, le gouvernement a créé huit impôts et taxes supplémentaires depuis le début du quinquennat: l’impôt sur la fortune immobilière (en remplacement de l’ISF) mais aussi des taxes sur le tabac, sur les hydrocarbures, sur le papier, sur les sites géothermiques... Autant de créations de nouvelles taxes qui ont un effet psychologique négatif sur les Français.
Un niveau de prélèvement en 2022 semblable à celui de 2013
Car dans les faits le gouvernement a bien supprimé pour 10 milliards d'euros de prélèvements en 2018. Et d’ailleurs le mouvement devrait continuer. D’ici à 2022, les Français paieront 20 milliards d’euros d’impôts de moins.
Ce sont surtout les entreprises qui en profitent: on peut citer l’impôt sur les sociétés qui devrait baisser, celui sur les revenus du capital, la suppression de l’ISF. Mais aussi les particuliers: suppression partielle voire totale de la taxe d’habitation ou encore des cotisations sociales chômage en octobre et prochainement sur les heures suplémentaires.
Et les baisses d'impôts qui devraient être réelles à la fin du quinquennat ne seront au final pas si spectaculaires. En 2022, le taux de prélèvement devrait atteindre 44,5% du PIB soit peu ou prou son niveau de 2013. Car pour baisser les taxes en profondeur, le gouvernement devra diminuer la dépense publique.
