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Conclave sur les retraites: quels sujets peuvent encore être négociés?

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Le "conclave" des retraites voulu par François Bayrou a été affaibli par le départ de la CGT, mécontente de ses récentes déclarations excluant un retour à 62 ans pour l'âge légal de départ.

À son tour, la CGT claque la porte du "conclave des retraites". À l'initiative de François Bayrou qui avait promis "aucun tabou", syndicats et patronats mènent des concertations hebdomadaires pour tenter "d'améliorer" la dernière réforme des retraites, qui avait largement mobilisé les syndicats contre elle. Mais les récentes déclarations du chef du gouvernement, qui a écarté un retour à 62 ans pour l'âge légal de départ à la retraite, ont provoqué la colère de la CGT.

"Le Premier ministre a trahi sa parole", a déploré mercredi soir la secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, sur le plateau de TF1.

Soucieux d'obtenir un accord de non-censure avec les socialistes, François Bayrou avait rouvert le dossier des retraites à son arrivée à Matignon, confiant aux partenaires sociaux la tâche de négocier pour parvenir à un nouvel accord sur la récente (et controversée) réforme controversée des retraites menée sous le gouvernement d'Élisabeth Borne. Rassemblant les organisations syndicales et patronales, le coup d'envoi de ces discussions avait été donné en février dernier.

Qui participe encore

Mais ce "conclave" des retraites a été affaibli par le départ de Force Ouvrière, suivi par celui de l'Union des entreprises de proximité (U2P), l'une des trois organisations patronales représentatives avec le Medef et la CPME.

La prochaine réunion entre les partenaires sociaux est prévue ce jeudi après-midi. La CFTC, la CFE-CGC et la CFDT maintiennent leur participation, dans le camp syndical. Du côté des organisations patronales, le Medef et la CPME seront aussi présents.

Au-delà de l'âge légal de départ, d'autres sujets sont encore sur la table du "conclave des retraites". Les deux prochains rounds de discussions sont, par exemple, consacrés à l'usure professionnelle et à la pénibilité, deux sujets auxquels les syndicats sont particulièrement attachés, notamment la CFDT. Le taux d'emploi des seniors, l'inégalité entre les femmes et les hommes ou encore le financement de la protection sociale, pourront être encore affichés au menu des concertations.

La pénibilité et l'égalité femmes-hommes "sont directement liés au report de l'âge" et "si on ne peut pas discuter du principal problème […] ce n'est plus possible", a regretté Denis Gravouil, négociateur de la CGT sur les retraites, sur le plateau de BFMTV.

Le départ de la CGT ne saborde pas nécessairement le "conclave". Les discussions pourront se poursuivre entre les organisations participantes. En novembre dernier, les partenaires sociaux étaient parvenus à trouver un terrain d'entente sur les nouvelles règles d'indemnisation des chômeurs. L'accord entre les syndicats et le patronat, qui n'avait pas été paraphé par la CGT et la CFE-CGC, a été agréé par le gouvernement et est entré en vigueur au 1er janvier 2025.

"Des nouvelles règles"

"La balle est dans le camp du Medef", a observé l'éditorialiste politique Matthieu Croissandeau sur BFMTV. L'organisation patronale "ne peut pas balayer d'un revers de main toute discussion avec les centrales syndicales réformistes" avec lesquelles elle "est habituée à signer des accords sur tout un tas d'autres sujets", a-t-il souligné. "Si un compromis était trouvé, il serait très difficile pour François Bayrou" de "ne pas transposer cet accord dans la loi", a poursuivi l'éditorialiste.

Du côté de la CFDT, le ton est déterminé. "J'en ai assez d'avoir un peu le sentiment d'être la seule adulte dans la pièce", a déploré sa secrétaire générale, Marylise Léon, sur BFMTV-RMC. "On ira jeudi [à la prochaine réunion, ndlr] pour dire qu'on arrête le conclave des retraites tel qu'il existe", a affirmé Marylise Léon. "On va définir des nouvelles règles", a-t-elle martelé, assurant "s'affranchir" de la lettre de cadrage du gouvernement et ne pas abandonner le sujet de l'âge de départ.

Jérémy Bruno avec AFP Journaliste BFMTV