"Pas là pour parler de capitalisation": Sophie Binet recadre le patronat avant la réunion sur les retraites

Sophie Binet donne le ton après la publication du rapport de la Cour des comptes sur le système de retraites français. Quelques minutes avant le début de la réunion des partenaires sociaux, la secrétaire générale de la CGT a fait part de son souhait que les magistrats financiers "démentent l'idée selon laquelle il y aurait un déficit caché de nos régimes de retraite". Elle a ainsi qualifié de "lunaire" le chiffre d'un déficit de 55 milliards d'euros qu'a relayé le Premier ministre ces dernières semaines.
Surtout, la leader syndicale a adressé un message fort au patronat alors que les pistes de réformes divergent entre les organisations: "Nous sommes ici pour parler de l'abrogation de la réforme des retraites, du renforcement de notre système par répartition et nous ne sommes certainement pas là pour parler de capitalisation, de confier nos retraites par répartition, l'héritage du Conseil national de la résistance, à la finance et lui permettre de spéculer sur nos retraites".
"Nous allons recadrer les choses en disant que la CGT refusera de rentrer dans une discussion hors-sujet sur un hypothétique système par capitalisation alors que nous sommes ici pour renforcer nos retraites par répartition qui font la force du pays."
Pour justifier cette position radicale, Sophie Binet s'est appuyée sur l'exemple de la crise Covid. "Dans un contexte comme celui qu'on a vécu récemment, les systèmes par capitalisation se seraient effondrés et on aurait eu un gros problème pour financer les retraites de nos aînés", affirme-t-elle.
Egalité salariale et contribution des dividendes
Alors que les partenaires sociaux doivent se réunir chaque semaine au moins jusqu'à la fin du mois de mai pour explorer les différents leviers permettant de modifier la dernière réforme des retraites sans nuire à l'équilibre financier du système, la secrétaire générale de la CGT a rappelé les propositions du syndicat: "Nous proposons de prendre l'argent où il est, de commencer par réaliser l'égalité salariale qui permettrait quasiment de financer l'abrogation de la réforme, de mettre à contribution les dividendes et les revenus financiers des entreprises, de soumettre a cotisation l'épargne retraite, l'intéressement et la participation."
"L'ensemble de ces propositions permettrait quasiment d'ailleurs de financer la retraite à 60 ans."
Une hypothèse balayée par la Cour des comptes dans sa mission flash. Le retour d'un âge légal de départ à la retraite à 62 ans n'est même pas examiné. La Cour estime déjà qu'avancer l'âge légal de départ à 63 ans se traduirait par un coût supplémentaire de 5,8 milliards d'euros en 2035 et 7,2 milliards d'euros de recettes en moins soit un effet négatif de 13 milliards d'euros sur les finances publiques.
Dans Le Parisien, le Premier président, Pierre Moscovici, explique par ailleurs que l'objectif d'une retraite à taux plein à 60 ans, comme le souhaite La France insoumise, n'est pas "dans les moyens de la nation".