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Finances publiques

Retraites: la Cour des comptes assure qu'il n'y a "pas de déficit caché"

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"Il faudra fatalement agir, à travers de nouvelles mesures et de nouvelles réformes", estime Pierre Moscovici son président.

Après des semaines de débat sur le niveau du déficit des retraites, jugé sous-estimé notamment par François Bayrou, le Premier président de la Cour des Comptes Pierre Moscovici a réfuté jeudi l'idée d'un "déficit caché" lié aux retraites des fonctionnaires.

"Il n'existe aucun déficit caché des retraites des fonctionnaires", mais deux méthodes "différentes" pour comptabiliser "la contribution de l'État pour équilibrer le régime de ses fonctionnaires" et une situation "pas comparable" entre les régimes relevant du public et du privé, a-t-il dit.

Le Conseil d'orientation des retraites (COR), chiffre à 6,1 milliards d'euros le déficit du système de retraites en 2024, et jusqu'à 0,4% du PIB en 2030, soit 10 à 15 milliards. François Bayrou, qui a longtemps, donné du crédit à une autre estimation autour de 55 milliards d'euros, s'est finalement rangé derrière l'avis de la Cour des comptes. Selon les estimations de sa "mission flash", dévoilées jeudi 20 février, le déficit devrait avoisiner 15 milliards d'euros en 2035 et 30 milliards d'euros en 2045.

Dans une interview au Parisien, Pierre Moscovici, président de l'institution prévient: "Il faudra fatalement agir, à travers de nouvelles mesures et de nouvelles réformes".

Durée de cotisations, taux et âge de départ

Jouer sur les paramètres représente toujours une technique efficace, selon le Premier président de la Cour.

"Si vous fixez l’âge d’ouverture des droits à 63 ans au lieu de 64 ans, cela engendre une dépense supplémentaire annuelle de 5,5 milliards d’euros en 2035. Au contraire, si vous reculez à 65 ans, cela vous rapporte 8,4 milliards d’euros."

Par ailleurs, en faisant passer la durée de cotisations "de 43 ans à 44 ans, cela rapporte 5,2 milliards d’euros. Ce levier a légèrement moins d’impact sur le coup mais pèse plus dans la durée. En fait, l’action sur l’âge légal ou à travers la durée de cotisation est comparable, mais différente dans le temps", explique-t-il.

Autre possibilité, "une augmentation d’un point des taux de cotisation (qui) engendrerait un montant de ressources annuelles entre 4,8 milliards et 7,6 milliards d’euros selon que la mesure serait appliquée sur la part patronale ou salariale. En revanche, une hausse des cotisations aurait des effets négatifs sur l’emploi et la compétitivité".

Quant à la désindexation des pensions sur l'inflation, Pierre Moscovici y voit un "levier intéressant en termes de rendement financier, une sous-indexation d’un point par rapport à l’inflation ferait une économie de 2,9 milliards en 2025 (mais) cela ne veut pas dire qu’il faut le retenir".

En tout cas, l'objectif d'une retraite à taux plein à 60 ans comme le souhaite La France insoumise n'est pas "dans les moyens de la nation", juge le président.

Olivier Chicheportiche avec AFP