"Mesurons-nous bien ce que cela signifie?": la numéro deux de l'Assurance maladie redoute les conséquences d'un "budget de l'extrême droite" en cas de dissolution

Pas de devoir de réserve à l'Assurance maladie, semble-t-il. Mardi 7 octobre, sa directrice déléguée, Marguerite Cazeneuve, a publié un long "post de politique générale" sur le réseau social professionnel Linkedin. "Nous, agents publics, sommes garants de la continuité de l'État", commence la haute-fonctionnaire. "Nous devenons toutefois faillibles, à mesure que se normalise l'instabilité politique", poursuit-elle en guise d'introduction.
"Dans le seul champ de la santé, l'Assurance Maladie est exsangue, les patients inquiets, les professionnels de santé en attente de revalorisations, l'hôpital aveugle, nos projets (prévention, numérique, organisation des soins, recherche) à l'arrêt", signale-t-elle.
Alors que le Premier ministre démissionnaire Sébastien Lecornu essaye tant bien que mal de trouver un compromis avec les partis politiques d'ici à ce mercredi soir, la numéro deux de la Caisse nationale de l'Assurance maladie (Cnam) tient un discours alarmiste, alertant contre la montée au pouvoir de l'extrême-droite en cas d'une nouvelle dissolution de l'Assemblée nationale.
"Le budget de l'extrême-droite a été annoncé : suppression de l'AME (aide médicale d'État, NDLR) et des prestations sociales aux étrangers, destruction de l'audiovisuel public, fin des aides aux énergies renouvelables et des crédits 'politique de la ville', etc. Mesurons-nous bien ce que cela signifie ?", écrit-elle.
"La suite du film se déroule en temps réel de l'autre côté de l'Atlantique : adhésion à l'internationale de l'autocratie, anéantissement de la Science, disqualification des juges, musellement des médias, activation de milices, etc", développe-t-elle, faisant référence à la politique menée par Donald Trump aux États-Unis. Le président américain est notamment revenu en arrière sur le droit à l'avortement des femmes. Cette année, il a par exemple annulé une recommandation de son prédecesseur Joe Biden sur le recours à l'interruption volontaire de grossesse (IVG) en urgence dans les hôpitaux.
Un plan de 3,9 milliards d'euros d'économies dès 2026
Rappelant l'absence de majorité absolue à l'Assemblée nationale, Marguerite Cazeneuve considère qu'aucune force politique n'est en mesure de "changer de cap" ou de "renverser la table". C'est pourquoi elle les appelle à trouver un accord, et donc "abandonner les totems et lignes rouges". "Recherche compromis, desepérément", presse-t-elle.
"Ce budget en demi-teinte ne touchera sans doute ni à l'AME, ni à l'âge minimum de la retraite, ni aux étrangers, ni aux riches, ni aux pauvres. Il sera décevant pour tous", considère la directrice déléguée de la Cnam.
Marguerite Cazeneuve conclut son discours en défendant les conclusions du dernier rapport Charges et produits de la Cnam. Présenté en début d'été, ce document est censé aiguiller les pouvoirs publics en vue du prochain projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS). Une sorte de "Conclave santé" selon elle, qui "a abouti à une proposition de 3,9 milliards d'euros d'ajustement pour 2026. C'est déjà ça", estime l'épouse de l'ancien et éphémère ministre de la Santé Aurélien Rousseau.
Si cela reste loin des 5,5 milliards annoncés cet été par l'ancien Premier ministre François Bayrou, le rapport suggère notamment de limiter la durée des arrêts de travail de plus de 15 jours et évoque également un allongement de la période de carence de trois à sept jours, qui pourrait être compensé par un transferts de charges aux employeurs, via leur couverture prévoyance.