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Livre blanc, plan Juppé, loi Fillon… les réformes des retraites s'enchaînent depuis trente ans

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Recul de l'âge légal de départ, allongement de la durée de cotisation ou encore évolution des régimes spéciaux: retour sur trente ans de réformes des retraites en France.

Le gouvernement présentera mardi sa réforme des retraites, un recul de l'âge légal de départ à l'horizon. Un premier projet de réforme porté par Emmanuel Macron lors de son premier quinquennat, visant à unifier les régimes et instaurer un système par points, avait été fauché par la crise sanitaire.

Des ambitions loin d'être les premières: depuis une trentaine d'années, la France a connu une série de grandes réformes de ses systèmes de retraite pour répondre au vieillissement de la population et à la dégradation financière de ses caisses. Retour sur ces projets portés avec plus ou moins de succès.

• 1991: le Livre blanc qui met en évidence les difficultés financières des régimes

La publication en 1991 du Livre blanc sur les retraites marque un tournant: il met en évidence les difficultés financières à venir des régimes, et préconise d'allonger la durée de cotisation de 150 à 168 trimestres pour bénéficier d'une retraite à taux plein. Les réformes qui suivront viseront à réduire les déficits des caisses ou à revoir leurs modalités de financement.

• 1993: la réforme Balladur, de 37,5 à 40 ans

En 1993, sous la présidence de François Mitterrand, le Premier ministre de cohabitation Edouard Balladur décide de porter progressivement de 37,5 ans à 40 ans (de 150 à 165 trimestres) la durée de cotisation dans le régime général pour une retraite à taux plein. Le montant des retraites est désormais calculé sur les 25 meilleures années de la vie active dans le privé au lieu des 10 meilleures. Mise en œuvre au cœur de l'été, la réforme provoque peu de remous.

• 1995: le plan Juppé et les grandes grèves

En novembre 1995, sous la présidence de Jacques Chirac, le Premier ministre Alain Juppé présente un plan de redressement de la Sécurité sociale comportant une réforme des retraites des agents de l'État et des services publics. Les fonctionnaires observent plusieurs semaines de grève. Trains et métros sont paralysés pendant plus de trois semaines. Alain Juppé renonce aux mesures sur les retraites mais maintient le reste de son plan.

• 2003: la réforme Fillon et les 40 années de cotisation pour les fonctionnaires

La réforme de François Fillon, ministre des Affaires sociales du gouvernement Raffarin, complète celle de Balladur, portant la durée de cotisation à 40 ans pour les fonctionnaires. Elle fixe les règles d'allongement futur des durées de cotisation pour le privé et la fonction publique, incite à rester dans l'emploi après 60 ans, créant une surcote et limitant l'accès aux pré-retraites. Bien que négociée avec les syndicats, la réforme provoque grèves et manifestations. Elle n'est acceptée que par la CFDT.

• 2007: une réforme des régimes spéciaux

La première réforme des retraites du quinquennat de Nicolas Sarkozy concerne les régimes spécifiques des sociétés de service public (EDF, GDF, SNCF, RATP, Banque de France, etc.) ainsi que les professions à statut particulier (clercs de notaires, élus et employés parlementaires). Pour ces personnes, la durée de cotisation passe à 40 ans. La réforme est menée avec diplomatie pour ne pas répéter l'échec de 1995, ce qui n'empêche pas des grèves.

• 2010: la réforme Woerth et la fin de la retraite à 60 ans

Du nom d'Éric Woerth, ministre du Travail, cette réforme met fin au principe de la retraite à 60 ans, héritage de François Mitterrand. Très impopulaire, la seconde réforme des retraites de la présidence Sarkozy provoque manifestations massives et blocages. L'âge légal de départ est reculé de deux ans, passant progressivement à 62 ans. La réforme étend le dispositif carrières longues à ceux qui ont commencé à travailler à 17 ans, permettant des départs anticipés.

• 2014: la réforme Touraine et l'allongement de la durée de cotisations

Portée par la ministre des Affaires sociales Marisol Touraine, sous la présidence de François Hollande, cette réforme inscrit dans le temps le principe de l'allongement de la durée de cotisation pour la retraite à taux plein. Cette durée est relevée d'un trimestre tous les trois ans de 2020 à 2035 pour atteindre 172 trimestres (43 ans) pour les générations 1973 et suivantes. Un compte personnel de pénibilité est créé pour permettre à ceux qui exercent des métiers difficiles d'anticiper leur départ.

J. Br. avec AFP