Les vrais raisons qui ont poussé François Bayrou à reporter le rapport sur les retraites

C’est ce mercredi matin que Pierre Moscovici devait remettre au Premier ministre les conclusions de la mission flash qui, lourde tâche, doit dévoiler "la vérité des chiffres" sur le système de retraites et servir de base à une négociation entre partenaires sociaux.
Le rendez-vous était encore inscrit à son agenda officiel, quand nous, journalistes, l’avons reçu lundi soir. Mais mardi matin, surprise, François Bayrou décide in extremis de repousser la remise de 24 heures. Alors pourquoi? Deux raisons. Une officielle et une autre... un peu moins.
Bayrou empêtré dans l'affaire Bétharram
La première, c’est que l’agenda médiatique est trop chargé ce mercredi avec la motion de censure du PS par 49.2 et l’audition de Richard Ferrand pour la présidence du Conseil constitutionnel qui s’annonce très compliquée, pour ajouter un troisième objet médiatique lourd. Voilà pour l'explication officielle.
Et en même temps, le 49.2 du PS n’a aucune chance de passer et l’avenir de Richard Ferrand n’est pas la priorité des priorités pour François Bayrou. Donc l’explication officielle n’est qu’à moitié satisfaisante.
L’autre raison, plus officieuse, c’est l’affaire Bétharram qui met le Premier ministre sous forte pression. Comme prévu, le "PM" a été pilonné hier aux questions au gouvernement par les députés LFI. Et comme il a décidé de contre-attaquer, la polémique continue aujourd’hui.
Le Premier ministre n’avait donc pas forcément envie ni intérêt de se coltiner un rapport qui n’a pas suivi le sens qu’il souhaitait, à savoir que la Cour des comptes n’a pas repris la théorie dite du "déficit caché" défendue par François Bayrou.
Dans l'enfer de Matignon, à chaque jour suffit sa peine.
Pas de changements
Quoi qu'il en soit, aucun changement de dernière minute n'a été réclamé par le Premier ministre, comme l'ont déminé certains acteurs du dossier hier.
Les rapports de la Cour des comptes sont le résultat d’un travail collégial, pas question pour Pierre Moscovici d’être démonétisé en interne comme à l’extérieur en retouchant le rapport à la veille de sa parution.