"Les signes d'un report inquiétant": les produits chinois inondent la France depuis la fermeture des Etats-Unis, les exportations ont bondi de 24% en mai

La filière automobile française est particulièrement concurrencée par les industriels chinois. - MARTIN SCHUTT / DPA / AFP
Les craintes d'un déversement majeur de produits chinois en Europe se renforcent. Les exportations de l'Empire du milieu vers la France ont très nettement augmenté: 24% au mois de mai par rapport à la même période l'année dernière, selon les calculs de BFM Business, à partir des données récentes des douanes chinoises.
Depuis le début de l'année, l'Hexagone a importé pour 15,35 milliards d'euros de biens en provenance de Chine (soit 6,8% de plus que l'an passé).
Cette dynamique, particulièrement vive en mai, touche également les autres pays européens. L'Allemagne a ainsi importé pour près de 40 milliards d'euros de biens chinois cette année (+12%) et l'ensemble des Etats membres de l'UE en sont déjà à 186 milliards (+7%) en cinq mois.
Les données du mois de mai représentent "vraisemblablement un pic", précise Anthony Morlet-Lavidalie, du pôle conjoncture de l'institut de recherches Rexecode, "car ces taux de croissance, proches de +20 % sur un an, ne sont pas tenables dans la durée".
Mais elles peuvent être "interprétées comme les premiers signes d'un report inquiétant" des industriels chinois vers l'Europe, alors que la "tendance de fond est celle d'un creusement continu de notre déficit commercial vis à vis de la Chine", poursuit l'économiste interrogé par BFM Business. Ce dernier estime que le pays représente déjà 60% de notre déficit commercial en biens.
L'industrie européenne en grand danger
Dans le même temps, le commerce direct entre les Etats-Unis et la Chine a nettement ralenti (-34,5% en mai et -9,4% depuis le début de l'année), selon ces données récentes. Freinée par les droits de douane de Donald Trump, la colossale puissance industrielle chinoise pourrait désormais se tourner encore plus vers l'Europe pour écouler ses produits.
"L’Europe est à la veille d’un risque majeur: celui de voir affluer des produits chinois à des prix défiant toute concurrence, avec un impact potentiel fort sur notre tissu industriel", alerte Anthony Morlet-Lavidalie.
D'autant que la demande interne en Chine est pour l'instant trop faible pour absorber le gigantesque excédent commercial (près de 1.000 milliards d'euros) du pays de Xi Jinping.
Les risques pourraient encore s'accroître si Donald Trump applique des droits de douane élevés dans les pays (Vietnam, Mexique...) que la Chine utilise aujourd'hui pour contourner les barrières douanières.
"A partir du 9 juillet, l’entrée en vigueur des tarifs du Liberation Day, notamment au Vietnam (46%), pourrait changer la donne. Lorsque la Chine ne pourra plus utiliser les voies d’exportations détournées qu’elle a l’habitude de solliciter, alors le déversement sur les marchés européens pourrait s’amplifier", analyse Célia Colin, chargée du suivi de la Chine à l'institut Rexecode.