"Les Français travaillent deux semaines de moins par an que la moyenne européenne": les suggestions de l'ancien conseiller d'Edouard Philippe pour inciter à travailler plus

Travailler plus pour... produire plus. Voilà le mot d'ordre du gouvernement au lendemain de la présentation, par le Premier ministre François Bayrou, du plan de redressement des finances publiques. Invité de BFM Business, l'avocat et ex-conseiller d'Edouard Philippe, Franck Morel, partage ce leitmotiv pour permettre à l'État de générer 43,8 milliards d'euros d'économies dès 2026. Et ce, même s'il reconnaît qu'il sera "compliqué" de convaincre les parlementaires à voter un budget avec de telles mesures.
"C'est compliqué pour [François Bayrou] dans le contexte actuel. Au Parlement, il aura beaucoup de mal à faire passer l'ensemble de son plan", a-t-il confié ce mercredi 16 juillet auprès de Guillaume Paul.
Le chef du gouvernement s'est en effet attiré les foudres en proposant, notamment, de supprimer deux jours fériés: le lundi de Pâques et le 8 mai. Une mesure qui doit rapporter pas moins de 4,2 milliards d'euros dans les caisses de l'État l'année prochaine. Même le maire du Havre Edouard Philippe, qui est pourtant un allié de François Bayrou, a émis des réserves à ce sujet.
"Le travail est surtaxé"
Il n'empêche: le locataire de Matignon "a souligné à juste titre qu'il est éminemment nécessaire de travailler plus pour gagner plus", a affirmé Franck Morel. "Le signal est intéressant. La durée annuelle réelle travaillée par les Français est inférieure de deux semaines par an par rapport à la moyenne européenne", a rappelé l'auteur de Le travail est la solution, co-écrit avec Bertrand Martinot.
Reste à renouer les Français avec le travail, tâche loin d'être évidente pour le gouvernement après l'échec du conclave sur les retraites.
"Pourquoi notre pays, lorsqu'on met en oeuvre des réformes des retraites qui aboutissent à travailler plus longtemps, est le seul pays européen où ça se passe dans des cris et des larmes?, s'est interrogé Franck Morel sur le plateau de BFM Business.
"Nos compatriotes estiment à tort ou à raison que ce n'est plus forcément par le travail qu'on améliore sa situation, à court terme et à long terme. Pour produire plus de richesses, il faudra travailler plus. Il faut faire en sortes de rétablir un lien au travail qui soit positif", poursuit-il.
Une des clés pour renouer du lien entre les Français et le travail serait d'abord d'agir sur les cotisations salariales selon Franck Morel. "On finance notre modèle social essentiellement par le travail. Le travail est surtaxé", a-t-il affirmé. Baisser ces prélèvements obligatoires augmenterait mécaniquement, en effet, le salaire net des travailleurs.
Mais à l'heure où le gouvernement serre la ceinture en annonçant une année blanche gelant les budgets partout - sauf en défense - comment récupérer les recettes aujourd'hui tirées des cotisations payées par les salariés ? "On pourrait transférer une partie des cotisations salariales sur la TVA", a conseillé Franck Morel. S'il n'est pas question de toucher au plus bas taux à 5,5% sur les denrées alimentaires et produits de première nécessité, celui à 20% pourrait être relevé : "chez plusieurs de nos voisins européens, le taux est plus élevé que 20%, donc on a de la marge", a-t-il assuré.
Renégocier les salaires minimum des branches
Autre chantier de taille auquel le gouvernement devrait s'attaquer selon le proche d'Edouard Philippe: le Smic. "Aujourd'hui, c'est 60% du salaire médian, c'était 50% lors de la création du Smic", a-t-il souligné. "Le Smic mange tous les pieds de grille salariale [...] et empêche les évolutions", a-t-il déploré.
Conséquence: "on a créé des redoutables trappes à bas salaires", a-t-il alerté. Comment y remédier? "Il faut faire ce que font cinq de nos voisins européens, l'Italie, l'Autriche, la Suède, la Finlande, le Danemark, il faut renvoyer la négociation du Smic aux branches".
S'agissant de l'assurance chômage enfin, Franck Morel n'est pas tout à fait convaincu de la proposition de François Bayrou de rouvrir les négociations. "La dernière convention en date a été signée le 14 novembre 2024, c'est assez récent", a-t-il rappelé.
"Il faut quand même noter que lors de la signature de cette dernière convention, les partenaires sociaux et les syndicats en particulier ont acté et gravé dans le marbre un certain nombre d'évolutions qu'ils avaient combattu dans les années 2019-2020. [...] Donc je ne suis pas certain qu'il y aura une fenêtre de tir réellement une nouvelle négociation", a considéré le spécialiste.