"Quasiment rien de qu'il propose ne règle le problème": Edouard Philippe pas convaincu par les solutions de son "allié" François Bayrou

Le maire du Havre Edouard Philippe, le 22 mai 2025 à Matignon, à Paris - STEPHANE DE SAKUTIN © 2019 AFP
Voilà un ancien chef de gouvernement qui ne mâche pas ses mots. Dans un entretien accordé ce mercredi au Parisien, Edouard Philippe critique le plan de redressement des finances publiques présenté par le Premier ministre François Bayrou mardi 15 juillet.
Le maire du Havre partage d'abord le même constat que le locataire de Matignon sur l'état des finances publiques du pays : "Notre situation financière budgétaire est mauvaise ; elle est même dangereuse. C’est la plus mauvaise de la zone Europe. Ne rien faire, c’est s’exposer à une catastrophe". Mais passé l'état des lieux, force est de constaté que le projet du gouvernement est loin de convaincre le candidat déclaré à la présidentielle 2027.
"Je préfère un plan d'urgence un plan d’urgence proposé par le Premier ministre, plutôt qu’un plan d’urgence proposé par le FMI. Mais ce n’est qu’un plan d’urgence… Il ne propose pas de réelle transformation, aucune réforme structurelle des politiques publiques qui ne fonctionnent plus", a critiqué celui qui s'affiche pourtant comme un allié de François Bayrou.
"Quasiment rien dans ce qu'il (François Bayrou) propose ne règle le problème. Ça permet juste de limiter les conséquences. Je pense qu'il en a conscience. L'explosion de la dépense sociale, n'est par exemple pas réglée par une année blanche", juge l'ancien Premier ministre et candidat à la présidentielle.
Des mesures "impopulaires"
En appelant le plus grand nombre à faire des efforts, le gouvernement espère pourtant générer 43,8 milliards d'euros d'économies dès l'année 2026. Pour y parvenir, François Bayrou a annoncé une année blanche quasi-générale (hors budget des Armées), visant notamment à geler l'ensemble des prestations sociales, pensions de retraite, ainsi que le barème d'imposition sur le revenu sur les niveaux de 2025. En ne tenant pas compte de l'inflation, des centaines de milliers de Français non-imposables pourraient donc le devenir l'année prochaine. Sujet sur lequel le maire du Havre émet des réserves :
"Toutes les mesures sont impopulaires. Mais à la fin, la seule question est de savoir s’il est nécessaire de faire des efforts collectifs. Dans un pays où la moitié des Français ne paient pas l’impôt sur le revenu, on peut se dire que l’effort demandé sur ce point est relatif"
Mitigé sur la suppression de deux jours fériés
Edouard Philippe est aussi mitigé sur la suppression des deux jours fériés - le lundi de Pâques et le 8 mai - proposé par le chef du gouvernement. "Je ne sais pas s’il faut supprimer deux jours fériés. On pourrait aussi proposer de travailler 14 heures de plus sur l’année et laisser le soin aux entreprises de déterminer quand cela se fait », suggère-t-il, tout en craignant que le débat général du moment ne se focalise que sur cette question "épidermique" des jours fériés.
Sans indiquer s'il votera ou non le Budget 2026 du gouvernement cet automne - qui contiendra donc logiquement une majeure partie des mesures dévoilées par François Bayrou mardi - Edouard Philippe ne cache pas ses craintes quant au risque de censure du gouvernement. "Ce n’est pas une surprise pour lui. Je pense même que ce plan a été préparé avec la quasi-certitude que la censure allait être votée. Mais si le Premier ministre part, et son gouvernement aussi, les problèmes resteront. L’urgence et la situation dangereuse resteront. Il faudra de toute façon prendre des décisions pour ne pas sombrer", a conclu l'ancien Premier ministre.