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La Cour des comptes s'inquiète des dépenses de personnels chez les forces de l'ordre

La Cour des comptes est chargée d'auditer les finances publiques.

La Cour des comptes est chargée d'auditer les finances publiques. - Ludovic MARIN / AFP

Les magistrats de la rue Cambon pointent le coût supplémentaire généré par les recrutements et les revalorisations salariales décidées en 2016 et en 2018. Ils fustigent une gestion de la sécurité intérieure qui repose essentiellement sur l'augmentation des effectifs, le dépassement de la durée du temps de travail réglementaire et l'attribution d'avantages catégoriels.

La hausse continue des dépenses de personnels au sein de la police et de la gendarmerie continue d'inquiéter la Cour des Comptes, selon son rapport sur l'exécution du budget 2018 rendu public ce mercredi.

Les réponses en matière de sécurité intérieure "ne peuvent plus reposer, comme actuellement, pour une large part sur un modèle conjuguant augmentation des effectifs, dépassement de la durée du temps de travail réglementaire et attribution d'avantages catégoriels pour compenser l'exposition aux risques et à la pénibilité des missions", tancent les magistrats de la rue Cambon.

1,1 milliard d'euros supplémentaires en 2020

La Cour des Comptes, coutumière des coups de griffe contre le ministère de l'Intérieur sur le sujet, pointe surtout du doigt le poids conjugué des recrutements et des revalorisations salariales décidées en 2016 et encore 2018. "En 2020, le coût supplémentaire généré par l'augmentation des effectifs combinée au coût des protocoles pourrait atteindre 1,1 milliard d'euros par rapport à 2018", s'alarment les magistrats financiers. 

Un chiffre à mettre au regard de la progression de 340 millions d'euros prévue d'ici à 2020 du budget de la mission "sécurités" dans le cadre de la loi de programmation des finances publiques, complètent-ils. 

Au passage, la Cour des Comptes chiffre le coût du protocole conclu le 19 décembre 2018 entre la place Beauvau et les syndicats de gardiens de la paix sur fond de crise des "gilets jaunes". Il s'élève à 109,7 millions d'euros supplémentaires en 2019. Les magistrats remarquent que ce montant n'a été que partiellement abondé par un amendement adopté en catastrophe par l'Assemblée nationale majorant de 33,3 millions les crédits de la mission.

Risque de dérapage

Ils soulignent en outre que les revalorisations complémentaires soumises à des négociations avec les syndicats, et qui doivent aboutir d'ici à 2020, sont susceptibles de porter le coût annuel du protocole à 240 millions d'euros. Pour la Cour, la progression des coûts salariaux risque de faire déraper le budget de la mission "sécurités" avec comme corollaire un budget consacré aux équipements en berne et une capacité opérationnelle des forces restreinte. 

S'agissant du budget 2018 marqué par les débuts du plan de création de 10.000 postes en police et en gendarmerie, les magistrats financiers estiment que l'objectif a été atteint "non sans tensions et au prix d'un moindre effort d'équipement".

Paul Louis avec AFP