Il ne va pas "faire de fleur au Medef" mais juge les projets du gouvernement "ignobles" sur les arrêts maladie: le patron de la CPME joue cavalier seul

La CPME n'entend pas "faire de fleur au Medef". La deuxième organisation patronale, qui représente les petites et moyennes entreprises, ne se rendra pas au grand meeting voulu par Patrick Martin pour s'opposer à l'augmentation de la fiscalité.
"Ce n'est pas le bon moment et le bon signal d'aller manifester", a insisté Amir Reza-Tofighi, le chef de file de la CPME, sur BFMTV, ce mardi 1er octobre.
Ce dernier entend aller à la rencontre des parlementaires pour "leur expliquer la vie de l'économie réelle" et insiste particulièrement sur son opposition au projet de réforme des arrêts maladie défendu par le gouvernement démissionnaire et qui pourrait revenir sur la table dans les prochains jours.
"Le projet n'est pas de s'attaquer aux arrêts maladie -le gouvernement n'a même pas le courage de faire ça- c'est de nous faire payer nous, les entreprises, ce qui est ignoble", s'est insurgé Amir Reza-Tofighi, co-fondateur de Heetch, la plateforme de VTC.
Concrètement, le gouvernement sortant envisageait de "responsabiliser davantage les employeurs", en leur transférant l'indemnisation des arrêts maladie entre le quatrième et le septième jour.
"C'est la ligne rouge absolue. C'est un problème sociétal, c'est à l'État de le gérer", estime le patron de la CPME, qui compte 240.000 entreprises adhérentes. Ce dernier a qualifié l'augmentation des arrêts maladie de "fléau".
Réforme de la rupture conventionnelle
Le taux d'absentéisme au travail a augmenté en 2024, à 5,1%, un niveau record tiré vers le haut par un allongement de la durée des arrêts de travail. La durée moyenne d'un arrêt était de 24 jours en 2024, contre moins de 21 jours avant le début de la crise Covid, selon le dernier baromètre du courtier d'assurance WTW. Cette tendance s'explique par la progression continue des arrêts pour causes psychologiques.
Amir Reza-Tofighi suggère également de réformer le fonctionnement des ruptures conventionnelles, également dans le viseur du précédent gouvernement.
"Aujourd'hui, on a un système qui malheureusement a produit des dérives. Cela coûte de l'argent mais cela apporte une paix sociale. On peut y apporter des correctifs. Le droit au chômage après une rupture conventionnelle pourrait être moins long ou comprendre une carence", estime le président de la CPME.
Ce dispositif créé en 2008 permet à l’employeur et au salarié de rompre d’un commun accord un CDI. Dans ce cas, le salarié perçoit une indemnité et peut bénéficier de l'allocation chômage. Le nombre de ruptures conventionnelles est passé de 88.000 au premier trimestre 2015 à 128.000 au premier trimestre 2025.
Amir Reza-Tofighi a aussi rappelé son opposition à la "taxe Zucman", qualifiée "d'erreur fondamentale". "Cela va fragiliser l'entrepreneuriat français. Ceux qui soutiennent la taxe Zucman sont les meilleurs amis des fonds d'investissement américain", juge le président de la CPME.