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Le patronat divisé: la CPME, deuxième organisation patronale, boude le "grand meeting" du Medef

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La CPME (Confédération des petites et moyennes entreprises) pointe l'attitude du Medef, qui fait cavalier seul pour fixer son agenda. L'U2P, qui représente les entreprises de proximité, refuse aussi de se rendre à la grande messe voulue par le Medef.

La rupture entre les patronats est consommée. La Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME) ne se rendra pas au meeting organisé par le Medef le 13 octobre à Paris, affirme son patron, Amir Reza-Tofighi, dans une interview au Parisien publiée mardi soir.

"Non, nous n'irons pas à la mobilisation du Medef. Ce meeting n'a pas été préparé collectivement. Nous n'avons pas été consultés lors de sa préparation, sans quoi nous aurions dit que le calendrier est mal choisi", le gouvernement n'ayant "pas encore été nommé", a expliqué le président de la deuxième organisation représentative des entreprises en France.

"J'ai consulté mes instances. Et à une très forte majorité elles nous ont dit de ne pas participer à la mobilisation du 13 octobre", a poursuivi Amir Reza-Tofighi.

L'annonce de ce meeting la semaine dernière par le président du Medef, Patrick Martin, avait pris de court les autres organisations patronales. Michel Picon, président de l'U2P (entreprises de proximité) a déjà annoncé qu'il n'irait pas à cette rencontre, refusant de voir les petits patrons servir de "chair à canon" à une "lutte de classes inversée".

Du côté de la CPME, à la place d'un meeting, "nous allons dans les prochains jours, contacter l'ensemble des députés et sénateurs de tous bords, pour que nos adhérents puissent aller à leur rencontre et expliquer la réalité des enjeux des entreprises pour le prochain budget", explique Amir Reza-Tofighi.

"Nous allons déployer ce Tour de France pour dire aux parlementaires de ne pas s'attaquer au coût du travail, qu'il s'agisse des allégements de charges ou de nouvelles taxes. Il ne faut pas non plus toucher au pacte Dutreil, qui permet de transmettre une entreprise familiale, même si des corrections peuvent être apportées", poursuit-il.

Le pacte Dutreil, instauré en 2003, vise à faciliter la transmission d'entreprises en réduisant les droits de mutation. Il permet un abattement de 75% sur la valeur des titres transmis, sous conditions d'une durée de détention de six ans (huit ans initialement).

Ce pacte serait dans le viseur de Bercy car il exige seulement de placer dans la holding familiale "au moins 50% d'actifs professionnels", ce qui permet d'y placer tout autant d'actifs privés. La Cour des comptes doit par ailleurs publier prochainement un rapport sur ce texte, mais pour la CPME, "c'est une ligne rouge", prévient Amir Reza-Tofighi.

VG avec AFP