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L'absentéisme au travail a encore progressé en France: stress et burnout (à un niveau record) représentent désormais 36% des arrêts

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Le taux d'absentéisme au travail a légèrement augmenté en 2024 selon le dernier baromètre du courtier en assurance WTW. Ce dernier évalue le coût à 120 milliards d'euros par an.

La santé au travail est de plus en plus fragile. Le taux d'absentéisme au travail grimpe à nouveau pour l'année 2024 à 5,1%, en légère hausse par rapport à l'année précédente, selon le dernier baromètre du courtier d'assurance WTW* à propos des entreprises privées.

Concrètement, c'est surtout la durée des arrêts qui a tendance à augmenter. La durée moyenne d'un arrêt était de 24 jours en 2024, contre moins de 21 jours avant le début de la crise Covid. Cette période a marqué une nette inflexion selon WTW.

"La pandémie a transformé durablement les comportements en matière d'absentéisme, avec une tendance qui se maintient malgré la fin de la crise sanitaire", notent les auteurs de cette étude.

"La hausse de l’absentéisme n’épargne aucun secteur d’activité et se matérialise dans tous les services d’une entreprise", poursuit la société de courtage d'assurance.

Des arrêts de plus en plus longs

Dans le détail, cette tendance à l'allongement des absences s'explique par la progression continue des arrêts pour causes psychologiques (36% du total).

"Les risques psychosociaux (stress, burnout) restent la 1ère cause d’absentéisme des arrêts long et contribuent à l’augmentation du taux d’absentéisme", observe WTW.

Or, ces arrêts "génèrent des arrêts significativement plus longs que les autres causes d'absence", relève WTW.

Autre enseignement notable: l'augmentation des accidents de travail chez les seniors et notamment les plus de 60 ans. "Cette accidentologie en hausse constante depuis cinq années met en exergue des questions pratiques sur la mise en place de nouvelles organisations de travail et dans la variation des tâches pour cette catégorie de salariés", indiquent les auteurs de cette étude.

Un coût croissant

Au final, l'allongement des arrêts de travail "complexifie la gestion des remplacements et augmente les coûts directs et indirects pour les entreprises". WTW évalue le coût à plus de 120 milliards d'euros par an pour les entreprises françaises.

L'an passé, la Sécurité sociale a versé 9,8 milliards d'euros au titre des indemnités journalières pour arrêt maladie (dont 9,3 milliards pour les seuls arrêts maladie de huit jours ou plus), auxquelles il faut ajouter 1,4 milliard de dépenses pour les arrêts dérogatoires.

Les montants versés ont augmenté de 28% depuis 2019, en raison donc de l'augmentation des arrêts mais aussi de motifs démographiques tenant notamment au vieillissement de la population.

Cette augmentation est dans le viseur du gouvernement et de François Bayrou, à la recherche d'économies budgétaires. Les pouvoirs publics ont récemment pris des mesures pour limiter les coûts (chasse aux arrêts abusifs, renforcement des contrôles, allongement de la carence sans prise en charge par l’employeur), et envisagent d'en prendre de nouvelles.

Pour autant, "les acteurs du monde du travail semblent proposer des solutions sur les effets plutôt que sur les causes", relève WTW.

"L’absence de mesures concrètes sur les conditions de travail réelles des salariés se fait ressentir et accentue cet absentéisme de masse", estiment les auteurs de l'étude.

*Étude menée sur un panel de 1.952 entreprises, employant 431.981 salariés, en observant sur 5 ans l'évolution des arrêts maladie et ATPM (accident de travail, accident de trajet et maladie professionnelle).

Pierre Lann