L'absentéisme au travail est reparti à la hausse en 2021

La baisse de l’absentéisme en 2020 n’était qu’une pause: les chiffres des arrêts maladie repartent à la hausse en 2021, explique une étude menée par le groupe de protection sociale Malakoff Humanis. Plus d’un tiers des salariés (38%) auront été arrêtés pour raison de santé cette année. Au-dessus, donc des chiffres de 2020 (36%), mais encore loin de ceux de 2019 (44%).
La part des arrêts liés au Covid-19 double, passant sur l’année de 6 à 12%. Les motifs récurrents d’arrêt demeurent la maladie dite "ordinaire" (22%) ; les troubles musculosquelettiques (18%), les accidents ou traumatismes (16%) et les troubles psychologiques (15%).
Ce sont ces troubles psychologiques qui tirent notamment le bilan à la hausse. "C’est un chiffre qui augmentait déjà avant le Covid-19, et qu’on voit augmenter mois après mois. Il repose sur des phénomènes structurels, l’inquiétude généralisée, et le télétravail qui augmente la solitude pour beaucoup", analyse Anne-Sophie Godon, directrice innovation chez Malakoff Humanis, sur le plateau de BFM Business ce lundi.
Puisqu’ils sont plus longs, la recrudescence des arrêts psychologiques augmente par la même occasion la durée moyenne des arrêts. Les arrêts longs, de plus d’un mois, passent ainsi de 94 à 105 jours. Le psychologique est le deuxième motif le plus courant, derrière les traumatismes et accidents.
Les jeunes et TPE-PME plus touchés
L’augmentation des arrêts longs aggrave la "dérive structurelle" des chiffres de l’absentéisme, selon Malakoff: elle s’explique en partie par le fait que la population vieillit, et que la part des 50-64 ans a augmenté de 69% au cours depuis 1990.
Et si cette population vieillissante est plus susceptible de prendre des arrêts, les jeunes sont plus nombreux à s’en faire prescrire: 45% d’entre eux en 2021, contre 43% l’année passée.
Même dynamique pour les managers, 51% d'entre eux ont été concernés par des arrêts maladie ces deux dernières années. "Les managers ont été sous pression, entre les demandes du salariat et les attentes des directions. Certains RH nous signalent un désamour pour la fonction managériale", signale Anne-Sophie Godon.
Les femmes, historiquement plus souvent arrêtées, représentent la plus forte hausse dans le panel interrogé par Malakoff Humanis (42% en 2021 contre 35% en 2020). "Il y a un problème historique d’adaptation au travail féminin dans les entreprises. Mais ici, d'autres problèmes se sont ajoutés, comme la garde des enfants. Il faut faire attention à ce qu’elles ne deviennent pas invisibles, quand elles sont à la fois en télétravail et à mi-temps." indique encore Anne-Sophie Godon.
Les TPE et PME sont, par secteur, les plus touchées. Elles cumulent un plus fort taux d’arrêt (39%) et une fréquence plus importante: 6 petites entreprises sur 10 ont connu un arrêt long, des arrêts souvent répétés au moins deux fois (dans 41% des cas).
Pessimisme généralisé
La hausse devrait se poursuivre, à en croire l’étude. Dirigeants (33%) comme salariés (49%) croient en un absentéisme plus important encore dans les deux ans. Mais si le diagnostic est similaire, les raisons divergent: les salariés évoquent le report des soins et hospitalisations, ou les conditions de travail ; quand le patronat pointe un engagement moins important.
Face à ces problématiques, la moitié des entrepreneurs déclarent avoir vu les coûts liés aux absences augmenter depuis 2019, et deux-tiers d’entre eux ont pris des mesures, de prévention, de calcul des coûts ou d’accompagnement dans le retour à l’emploi.