SONDAGE BFMTV. Trois Français sur quatre opposés à la suppression de deux jours fériés proposée par François Bayrou

Le Premier ministre, François Bayrou, lors de la présentation de son plan pour le budget 2026 à Paris le 15 juillet 2025 - Thomas SAMSON / AFP
Scepticisme devant les annonces de François Bayrou. Les Français sont partagés après la présentation mardi 15 juillet, par le Premier ministre, de son plan pour le budget 2026, selon un nouveau sondage L'Opinion en direct piloté par l'institut Elabe pour BFMTV publié ce mercredi 16 juillet. S'ils partagent en majorité (65%) le constat de François Bayrou sur l'urgence de traiter le sujet de la dette française, 60% des sondés estiment que les efforts demandés sont trop importants.
Certaines mesures annoncées cristallisent les crispations. Plaidant qu'"il faut travailler plus", le Premier ministre a proposé mardi la suppression de deux jours fériés, citant "comme exemple" le "lundi de Pâques" et le "8-Mai", une mesure qui doit dégager "4,2 milliards" d'euros, selon Matignon.
La ministre chargée des Comptes publics Amélie de Montchalin a estimé mercredi à la sortie du Conseil des ministres que "c'est générateur de croissance" et que "deux jours sur 365, ça revient à peu près à 0,5% d'activité en plus". Concrètement, ces deux jours qui sont actuellement payés mais non travaillés deviendraient deux jours toujours payés, mais travaillés pour les salariés du public comme du privé.
75% des personnes interrogées par Elabe sont opposées à cette proposition (dont 54% très opposées), contre 24% qui y sont favorables. La suppression de deux jours fériés est largement rejetée auprès des actifs (79%), mais aussi des retraités (71%).
Ces deux journées, qui ramèneraient à neuf le nombre de jours fériés en France, s'ajouteraient à la conversion depuis 2004 du lundi de Pentecôte en "journée de solidarité". Travaillée mais pas payée, elle est assortie d'un prélèvement correspondant à 0,3% de la masse salariale annuelle pour financer une meilleure prise en charge des personnes âgées ou handicapées. Les employeurs peuvent toutefois offrir cette journée à leurs salariés.
72% contre la hausse de la franchise sur les remboursements de médicaments
Autre annonce massivement rejetée: le doublement à 100 euros de la franchise annuelle sur les remboursements de médicaments. "Chaque fois que nous achetons une boîte de médicaments, nous en payons une partie" (un euro par boîte, NDLR), a indiqué François Bayrou, avec un plafond fixé "à 50 euros par an".
"Nous pousserons ce plafond à 100 euros", a-t-il ajouté, sans préciser si le plafond ne concernerait que les boîtes de médicaments, ou bien les autres dépenses de soins soumises à franchise (actes médicaux et transports sanitaires). 72% des Français s'opposent à cette hausse de la somme restant à la charge des assurés, contre 28% qui y sont favorables.
D'autres mesures recueillent une majorité d'opinions défavorables (entre 51 et 55%). Il s'agit de la création d'une taxe de 2 euros sur les petits colis, pour aider les petits commerces de proximité, de "l'année blanche" pour les prestations sociales et la révision du statut des affections longue durée, avec la fin du remboursement à 100% des médicaments "sans lien" avec la maladie.
Un budget "injuste" pour près de 7 Français sur 10
À l'inverse, certaines propositions du Premier ministre sont très bien accueillies par les sondés. 90% des personnes interrogées sont favorables au renforcement de la lutte contre la fraude fiscale, la fraude aux aides publiques (comme Ma Prime Renov, le CPF), aux dépenses de santé et au paiement des amendes.
87% se disent également pour la suppression de certaines niches fiscales qui profitent aux plus aisés et grandes entreprises. Et 82% sont favorables au renforcement du contrôle des arrêts maladie, notamment de longue durée, et à une "contribution de solidarité" pour les plus hauts revenus.
Globalement, 68% des Français jugent que ce projet de budget est injuste, 66% qu’il est inefficace pour réduire la dette publique et 59% qu’il n’est pas cohérent.
Le souhait de censure progresse
Les partis de l'opposition ont vivement critiqué le plan présenté par François Bayrou et ont menacé de censurer le gouvernement. Sans majorité à l'Assemblée nationale, il a reconnu être "à la merci des oppositions", qui peuvent le faire tomber comme ce fut le cas en décembre pour son prédécesseur Michel Barnier, justement sur des textes budgétaires.
Du côté des Français, le souhait de censure progresse. 58% des personnes interrogées par l'institut Elabe souhaitent qu’une motion de censure soit votée contre le gouvernement de François Bayrou, un chiffre en hausse de 6 points en trois semaines. C’est le point le plus haut mesuré depuis le début de l’année 2025. 7 électeurs sur 10 du NFP (72%) et du RN (72%) souhaitent cette censure, alors que 7 électeurs sur 10 d’Ensemble (70%) et de LR (70%) rejettent cette hypothèse.
Echantillon de 1.002 personnes, représentatif des résidents de France métropolitaine âgés de 18 ans et plus. La représentativité de l’échantillon a été assurée selon la méthode des quotas appliquée aux variables suivantes: sexe, âge et profession de l’interviewé après stratification par région et catégorie d’agglomération. Interrogation par Internet du 15 au 16 juillet 2025.