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Finances publiques

"On est étranglé, il fallait réveiller les Français": Moscovici approuve l'appel au désendettement de Bayrou mais trouve qu'il y a trop d'impôts dans son plan

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S'il approuve le discours du gouvernement, le premier président de la Cour des Comptes Pierre Moscovici estime que l'année blanche ou la suppression de deux jours fériés "ne sont pas des mesures strcturelles".

Pierre Moscovici aligné avec François Bayrou. "Il fallait réveiller les Français, présenter un budget qui dise que le désendettement, c'est maintenant", a réagi le premier président de la Cour des Comptes ce jeudi 17 juillet, après la présentation par le Premier ministre d'un vaste plan d'économies pour le Budget 2026.

"La France est surendettée et si nous restons sur cette ligne-là, nous sommes extrêmement vulnérables", a pointé Pierre Moscovici sur franceinfo, rappelant que la dette atteint 114% du PIB et que la France a payé 67 milliards d'intérêts de la dette en 2024. "On est étranglé et on perd notre capacité d'agir et nos marges de manoeuvre", ajoute-t-il.

"L'appel à l'effort, au désendettement, à la réduction du déficit, je l'approuve totalement."

Un manque de réformes structurelles

Mais si l'intention est là, selon Pierre Moscowici, la question est maintenant celle du type d'économies demandées. "Pour les réformes structurelles, on n'y est pas encore manifestement, regrette-t-il. Il faudra qu'il y ait un dialogue entre les forces politiques."

"L'année blanche et les jours fériés, je note que ce ne sont pas des mesures structurelles."

Il a aussi pointé l'importance de l'équitable répartition de l'effort: notamment entre l'État, les collectivités et la Sécurité sociale, mais aussi entre les Français. "Il faut voir si ça ne crée pas d'inégalités."

"Nous devons préserver notre compétitivité"

Enfin il a posé la question de la part de la réduction des dépenses et de la hausse des recettes. "La part de la fiscalité est comprise entre 25 et 40% (dans ce budget 2026), ce qui ne correspond pas aux 10% qui étaient annoncés", estime Pierre Moscowici.

"Je ne suis pas dans l'idée qu'on ne peut pas faire de fiscalité mais il ne faut pas aller trop loin car nous avons des prélèvements obligatoires les plus élevés de la zone euro et nous devons préserver notre compétitivité", poursuit-il.

En revanche, il a approuvé la contribution sur les hauts revenus prévue par le gouvernement (mais qui ne doit rapporter que 2 milliards d'euros selon le gouvernement). "Assez logiquement, si tout le monde est mis à contribution, il est inconcevable que ceux qui ont beaucoup plus ne soient pas sollicités", a acquiescé le premier président de la Cour des Comptes.

Enfin, il a rappelé que le débat politique ne faisait que commencer: "Chacun pourra se prononcer sur ce budget" et "c'est la moindre des choses", conclut-il.

Marine Cardot