Finances publiques: la "cote d’alerte" déjà dépassée pour le patronat
La France a-t-elle atteint ou dépassé sa cote d’alerte sur les finances publiques? C’est le débat qui oppose le ministre de l’Economie Bruno Le Maire et les représentants des entreprises.
La dette publique française atteint en effet 114,5% du PIB selon l’INSEE, au 3è trimestre 2021. En cause notamment, une croissance économique en berne.
Ce qui fait dire au ministre de l’Economie qu’il faut être attentif aux dépenses nouvelles.
“Tout n'est pas possible, tout simplement parce que nous avons atteint la cote d'alerte sur les finances publiques", a affirmé Bruno Le Maire, ajoutant que "les conditions de financement ont changé" et qu'aujourd'hui la France emprunte "à plus de 2%" pour financer les dépenses publiques, quand elle le faisait encore récemment à taux négatif ou très faibles, a-t-il déclaré sur RMC et BFMTV ce lundi.
Une dette "abyssale"
Pour le patronat, qui répète depuis plusieurs années que les finances publiques sont inquiétantes, cette cote d’alerte ne vient pas tout juste d’être atteinte.
“Elle est dépassée à partir du moment où l’on arrive pas à stabiliser cette dette et où on continue à la nourrir. Et c’est ce qui est en train de se passer”, juge François Asselin.
Une dette jugée “abyssale” par le président de la confédération des petites et moyennes entreprises. Invité de la matinale de BFM Business ce mardi, il a considéré que ce niveau est “problématique. “C’est un principe de réalité: la dette, elle se rembourse tôt ou tard”, résume François Asselin.
De son côté, Geoffroy Roux de Bézieux considère que cette cote d’alerte est même “déjà largement dépassée”.
“On va dépasser les 3000 milliards de dette. Ce n’était pas très grave quand on avait des taux d’intérêts négatifs. Mais maintenant, on paye des taux d’intérêts à 2 ou 3%”, détaille le président du Medef ce mardi sur RMC et BFMTV. Conséquence de cette hausse des taux, emprunter coûte plus cher à l’Etat. “Cela représente plusieurs dizaines de milliards d’euros en plus par an”, poursuit-il.
"Il va falloir se ressaisir"
Au point de faire tanguer les comptes publics? “Nous sommes un pays aujourd’hui fragilisé sur le plan économique. Il va falloir se ressaisir. (...) faisons attention au bien commun qu’est notre pays”, alerte François Asselin.
Sans majorité absolue à l’Assemblée, le gouvernement va devoir passer des compromis avec les groupes d’opposition. Ce qui laisse craindre au patronat une augmentation des dépenses publiques. “Comme il n’y a pas de majorité, le consensus sera sur des dépenses nouvelles”, prédit Geoffroy Roux de Bézieux.
D’autant qu’une loi sur le pouvoir d’achat est attendue dans l'hémicycle.
“Je vois beaucoup de promesses autour du pouvoir d'achat, je ne suis pas sûr que tout ça soit tenable dans la durée”, considère le patron des patrons. D’après lui “l’Etat est un peu schizophrène”. Il pointe le risque de boucle prix-salaire. “Si tout le monde augmente les salaires au niveau de l’inflation, on va nourrir l’inflation.
Le président de la CPME lui, souligne que les salaires devraient augmenter de 5% en moyenne dans le secteur privé, soit quasiment le niveau de l’inflation actuel. Pour lui, les entreprises jouent donc déjà le jeu. Faire contribuer davantage les entreprises serait une erreur conclut Geoffroy Roux de Bézieux. Au risque de ralentir les embauches françaises.