BFM Business
Social

Entre augmentation du Smic et risque de spirale "prix-salaire", deux franges s'opposent

placeholder video
Pour soutenir le pouvoir d'achat des plus modestes, Force Ouvrière réclame, comme Jean-Luc Mélenchon, un Smic à 1500 euros nets par mois. Mais le risque d'une spirale "prix-salaire" pèse.

Deux franges s'opposent. Alors que l'inflation accélère depuis plusieurs mois à 5,2% sur un an en mai en France, et à 8,1% en zone euro, le pouvoir d'achat est la première préoccupation des Français.

La gauche appelle à augmenter les salaires. En raison de l'inflation, le Smic a augmenté de 2,45 euros par mois au 1er mai, portant le salaire brut pour un contrat de 35 heures à 1645 euros, soit 1302 euros nets.

"Le gouvernement a la main sur une augmentation générale des salaires, c'est le Smic. Ca fait des années qu'on demande au gouvernement de l'augmenter. L'inflation s'envole en ce moment mais l'année dernière, on avait déjà les prémices. On veut une augmentation du Smic de 200 euros, pour le faire passer de 1300 à 1500 euros nets par mois", réclamait ce vendredi matin sur BFM Business le nouveau secrétaire général de Force Ouvrière, Frédéric Souillot.

Mais le risque d'enclencher une boucle prix-salaire est bien là. Dans un contexte d’inflation galopante, si les salaires augmentent trop, les entreprises risquent de réhausser leurs prix pour maintenir leurs marges. Or, si les prix augmentent, les salariés vont réclamer de nouvelles hausses de salaires pour préserver leur pouvoir d'achat, et ainsi de suite.

C'est pourquoi, après la crise des gilets jaunes, Emmanuel Macron avait acté l'élargissement et la revalorisation de la prime d'activité pour augmenter le revenu des personnes au niveau du Smic, sans toucher aux salaires et donc, peser sur les entreprises.

Mais selon Frédéric Souillot (FO), c'est un faux argument. Car "la prime d'activité est payée collectivement par notre système de protection sociale. Mais les entrepreneurs ont aujourd'hui droit à un allègement des cotisations et à des aides publiques. Tout cela, sans contrepartie."

"Il est important que les salaires restent décentralisés"

Invité sur BFM Business ce vendredi matin, François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France assure ne pas avoir observé de spirale "prix-salaire" pour le moment, malgré un "certain nombre de signes de hausses de salaires dans certains pays européens.

"Je crois qu'il est très important que les salaires restent décentralisés, au plus près de la négociation sociale et de la réalité économique de chaque entreprise et de chaque branche", a-t-il ajouté.

Autrement dit: l'Etat ne doit pas augmenter les salaires de manière généralisé sous peine de faire grimper davantage l'inflation.

De son côté, pour freiner l'inflation en zone euro, la Banque centrale européenne (BCE) a pris la décision de stopper ses mesures de soutien monétaire en mettant fin à des années de rachats d'actifs, et a annoncé qu'elle relèverait en juillet ses taux directeurs. Un tournant historique puisqu'il s'agit de la première hausse de taux depuis mai 2011.

https://twitter.com/Pauline_Dum Pauline Dumonteil Journaliste BFM Tech