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Les salaires augmentent mais ne rattraperont pas l'inflation

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Selon l'Insee et la Dares, si les négociations salariales dans le privé ont abouti à des hausses de salaires, les augmentations restent en-deça de la hausse des prix.

Les Français perdent mécaniquement du pouvoir d'achat depuis quelques mois. On s'en doutait mais les chiffres viennent le confirmer.

Selon la Dares, l’indice du salaire mensuel de base (SMB) de l’ensemble des salariés a progressé de 1,1% au cours du premier trimestre 2022. Sur un an, ce salaire de base a donc augmenté de 2,3% après 1,7% le trimestre précédent.

Concernant les bas-salaires, la hausse a été un peu plus importante que pour l'ensemble de la population. L’indice du salaire horaire de base des ouvriers et des employés (SHBOE) a progressé de 1,2% au cours du premier trimestre et de 2,5% sur un an.

Des hausses non négligeables sur un an mais qui restent toutefois inférieures à la hausse des prix.

"Ces évolutions doivent être mises en regard de l’inflation: les prix à la consommation (pour l’ensemble des ménages et hors tabac) augmentent de 4,6% entre fin mars 2021 et fin mars 2022, rappelle la Dares. Sur un an et en euros constants, le SHBOE diminue donc de 2,1% et le SMB de 2,3%."

Pour rappel, les données ici concernent le salaire de base, pas celui qui est réellement perçu. Le salarié peut en effet connaître une évolution différente de sa rémunération si son activité a augmenté (heures supplémentaires) ou diminué sur la période.

Quid du salaire réel?

Ce salaire réellement perçu est le salaire moyen par tête (SMPT) et ce dernier a moins augmenté que le salaire de base selon l'Insee cette fois.

L'institut constate une augmentation de 0,8% au premier trimestre et estime la croissance à 1,2 % au deuxième trimestre.

"Il serait porté par la prise en compte, dans les négociations salariales de nombreuses branches, des hausses de prix à la consommation et des difficultés de recrutement, ainsi que par les deux revalorisations du Smic survenues sur le semestre (+0,9 % au 1er janvier et +2,65 % au 1er mai)", commente l'Insee.

De plus, au deuxième trimestre, la réduction sensible du nombre d’arrêts maladie liée au tassement de l’épidémie de Covid-19 contribuerait à la hausse de ce salaire moyen, les indemnités journalières versées par la Sécurité sociale n’étant pas considérées comme du salaire.

La hausse devrait cependant s'accélérer selon l'institut. Au second semestre 2022, les salaires nominaux devraient augmenter de façon plus soutenue: +1,4 % au troisième trimestre puis +1,7 % au quatrième pour le salaire moyen.

"Ce dynamisme serait porté notamment par des accords salariaux de branches dont le contexte inflationniste de 2022 pourrait favoriser la renégociation en cours d’année, indique l'Insee. Il serait également porté par une nouvelle revalorisation du Smic, pendant l’été ou au début de l’automne."

Enfin, la reconduction et le triplement éventuels de la prime exceptionnelle de pouvoir d’achat (Pepa) au second semestre 2022, qui pourraient faire partie des mesures de soutien au pouvoir d’achat votées à l’été, soutiendraient aussi le salaire, estime-t-elle.

Il s'agit là de salaires nominaux, hors inflation. Les salaires réels qui tiennent compte de la hausse des prix devraient bien reculer cette année. Après un recul de 0,5% au premier trimestre, le salaire réel moyen doit de nouveau reculer au deuxième (-0,4%) ainsi qu'au troisième trimestre (-0,3%).

La fin d'année devrait, selon l'Insee, être moins rude pour le pouvoir d'achat. L'Institut anticipe une hausse de 0,6% du salaire moyen réel au dernier trimestre. Résultat de négociations salariales, d'éventuelles primes Pepa ainsi que d'un ralentissement de la hausse des prix.

Frédéric Bianchi
https://twitter.com/FredericBianchi Frédéric Bianchi Journaliste BFM Éco