Élection américaine: que peut faire l'Europe si Donald Trump met en place son programme économique?

L'Europe doit "prendre son destin en main" face à la victoire de Donald Trump à l'élection présidentielle américaine, a réagi mercredi matin la porte-parole du gouvernement français. Alors que se dessinait une victoire du candidat républicain, victoire officialisée depuis, Maud Bregeon a insisté sur des secteurs clés à protéger comme la défense, la décarbonation mais aussi la réindustrialisation.
Il faut dire qu'une victoire de Donald Trump est 'celle qui aura le plus d'impact sur les économies européennes.
En particulier si la promesse du candidat républicain d'augmenter les droits de douane à 10 ou 20% sur tous les produits importés afin de favoriser la production américaine est mise en oeuvre. Ces droits de douane s'élèveraient même à 60% sur les importations chinoises et iraient jusqu'à 200% sur les importations de véhicules depuis le Mexique.
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"Il va falloir s'adapter"
"L'Europe va devoir répondre de façon unie et on sait que c'est bien notre difficulté", rappelle sur BFM Business ce matin Roland Gillet, Professeur d'économie financière à Paris 1 Panthéon-Sorbonne et à l'Université Libre de Bruxelles. Ce dernier fait allusion aux divisions internes entre Etats-membres qui ont tendance à ralentir - voire paralyser - les décisions économiques de l'Union européenne.
"On va avoir deux problèmes avec Donald Trump: la compétitivité et la réglementation", complète Wilfrid Galand, directeur stratégiste chez Montpensier Finance.
D'après lui, le candidat républicain "va mettre le paquet sur l'énergie" - notamment grâce à sa stratégie "drill, baby drill" - mais aussi sur un "environnement extrêmement favorable au business". À cela s'ajoute un nouveau retrait potentiel des États-Unis de l'Accord de Paris.
"Il va falloir s'adapter car les citoyens européens ne supporteront pas de sacrifier leur prospérité, car c'est l'élément le plus important dans le sentiment des Américains mais aussi des Européens", s'inquiète Wilfrid Galand.
Force est de constater que l'environnement réglementaire en cours sur le Vieux continent peut constituer un désavantage concurrentiel pour les économies des Etats membres. Référence est d'ailleurs faite à la proposition de Mario Draghi dans son récent rapport de "sortir de ce carcan normatif" qui freine l'industrie ou l'innovation. Michelin aurait par exemple plus intérêt à délocaliser ses activités aux Etats-Unis qu'en France, explique Wilfrid Galand.
Front commun européen nécessaire
Samedi dernier, le président du Conseil européen Donald Tusk avait maintenu que le sort de l'Europe ne dépend pas de l'issue des élections américaines. "L'ère de la sous-traitance géopolitique est révolue", a-t-il défendu dans un tweet. Un déni pour certains mais une urgence pour d'autres, qui souhaitent voir émerger un front commun entre les Etats membres sur tous les sujets économiques qui se jouent sur la place mondiale (droits de douane, antitrust…).
"On va devoir être réactifs plutôt que proactifs", estime Roland Gillet, Professeur d'économie financière à Paris 1 Panthéon-Sorbonne et à l'Université Libre de Bruxelles. Car les promesses de Donald Trump ne sont pas garanties d'être mises en œuvre, quand bien même son camp a repris le contrôle du Sénat et semble en bonne voie pour remporter la majorité à la Chambre des représentants.
Ses mesures protectionnistes ont beau "toucher la corde sensible des Américains", elles doivent encore être adoubées par la Haute administration américaine pour être effectives. Autrement dit, par les hauts fonctionnaires qui prennent les décisions ou bien "l’État profond", que Donald Trump avait accusé de l’avoir empêché de gouverner lors de son mandat entre 2016 et 2020.
"Et si ce n'est pas la Haute administration qui le mettra au pas, ce sera les marchés financiers", assure Roland Gillet qui imagine un programme Trump comme un risque d'écorner la crédibilité de la Fed (Réserve fédérale des États-Unis). Autant d'éléments qui pourraient avoir un "effet pervers" sur l'économie américaine, mais aussi dans le reste du monde.