Election américaine: le risque d'un virage à 180 degrés sur l'énergie suite à l'élection de Trump

L'énergie figure parmi les volets qui prouvent que les États-Unis sont à la croisée des chemins dans le cadre de cette élection présidentielle. Si une victoire de la démocrate Kamala Harris aurait du se traduire par un prolongement et même une accentuation de la politique de Joe Biden en la matière, le retour de Donald Trump à la Maison Blanche risque d'avoir des conséquences toutes autres.
Les attaques du nouveau président pendant la campagne au sujet de la position de son adversaire sur la fracturation hydraulique illustrent cette opposition sur le terrain énergétique.
La fracturation hydraulique est une technique notamment utilisée pour l'extraction du gaz de schiste par l'industrie pétrogazière et soutenue par les républicains.
"Si elle (Kamala Harris, NDLR) remporte l'élection, la fracturation en Pennsylvanie disparaîtra dès le premier jour", insistait Donald Trump mi-septembre.
Une pique lancée lors d'un meeting dans cet État-clé où la fracturation hydraulique est un sujet sensible et qui faisait référence à une remarque de Kamala Harris qui assurait en 2019 qu'elle interdirait la pratique. Dans la foulée, la candidate démocrate avait rappelé qu'elle avait assuré dès 2020 qu'elle ne l'interdirait pas, et qu'elle n'avait pas poussé en ce sens en tant que vice-présidente. Cela ne semble pas avoir suffi, Donald Trump ayant été elu ce mercredi 47e président des Etats-Unis.
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Diviser par deux les factures d'énergie en moins d'un an
Le cap énergétique fixé par Donald Trump est plutôt clair, marqué par le slogan "drill, baby, drill" ("fore, bébé, fore"), martelé à de multiples reprises.
"On va forer (du pétrole) comme des malades!", a-t-il promis à ses partisans.
Cela permettra selon lui de faire "baisser très rapidement" les prix de l'énergie. "Dans de nombreux cas, nous réduirons vos coûts énergétiques de moitié", a assuré le milliardaire républicain qui souhaite tenir cette promesse de diviser par deux les factures d'énergie dès sa première année de mandat. Pour les analystes, cela doit passer par une dérégulation en faveur du secteur pétrolier et gazier. Le candidat républicain défend l'idée de produire plus de pétrole et de gaz pour faire face aux besoins.
Donald Trump avait claqué la porte de l'Accord de Paris sur le climat durant son premier mandat. En cas de victoire, le milliardaire promet un nouveau retrait des États-Unis de l'accord, signé pour limiter les émissions de gaz à effet de serre. Selon une récente étude de l'organisation Carbon Brief, sa victoire mettrait fin à l'espoir de limiter le réchauffement climatique à +1,5°C. Elle estime que ce scénario entraînerait l'émission supplémentaire, d'ici à 2030, de 4 milliards de tonnes d'équivalent CO2 par rapport aux démocrates -soit les émissions annuelles de l'Europe et du Japon.
Annulation des fonds non dépensés de l'IRA
En cas de réélection, l'ex-dirigeant a promis de mettre "rapidement fin à la grande arnaque verte", en référence aux centaines de milliards de dollars engagés par l'administration Biden pour le climat. À ce titre, Donald Trump est un fervent opposant à l'Inflation Reduction Act (IRA), une loi d'investissement massif pour la transition énergétique adoptée durant le mandat de Joe Biden. Ce vaste programme est régulièrement pris pour cible par le républicain qui a déclaré qu'il en "annulerait tous les fonds non dépensés". Mais revenir sur une loi est complexe, et même certains élus républicains se sont prononcés contre l'idée, soulignant l'utilité des crédits d'impôts qu'elle comprend.
Autres promesses de Donald Trump: annuler le moratoire de Joe Biden sur les nouveaux terminaux d'exportation de gaz naturel liquéfié (GNL), ainsi que "l'obligation d'achat de véhicules électriques". Une référence aux nouvelles réglementations sur les émissions des voitures visant à accélérer le passage à l'électrique -sans pour autant l'imposer. D'autres normes récentes de l'agence de protection de l'environnement (EPA), notamment sur les limites aux émissions de CO2 des centrales à charbon, pourraient être renversées.
Mais "tout effort pour abroger ces réglementations donnera lieu à de nombreux recours", explique à l'AFP Fatima Ahmad, de la société de conseil climatique Boundary Stone.
"Les gouvernements locaux et le secteur privé continueront à pousser leurs engagements en matière de climat", comme "lors de la première administration Trump", ajoute-t-elle.