Ce que pensent les partenaires sociaux de l'arrivée d'Elisabeth Borne à Matignon

"Bilan très négatif", "maîtrise de ses dossiers" ou "dure en affaires". Du côté des partenaires sociaux, l'arrivée d'Elisabeth Borne à Matignon ne laisse pas indifférent. La nouvelle Première ministre, qui devra gérer le dossier du pouvoir d'achat et surtout l'explosive réforme des retraites, est bien connue des organisations syndicales et patronales: dans les trois ministères qu'elle a occupé en cinq ans, Elisabeth Borne a conduit la réforme de la SNCF, celle de l'assurance-chômage et était aux manettes du protocole sanitaire en entreprise lors de la crise sanitaire.
Y-a-t-il une "méthode Borne"? La cheffe du gouvernement a promis du "dialogue" lors de la passation de pouvoir avec Jean Castex. "C'est quelqu'un d'agréable et de constructif" mais "qui sait ce qu'il veut", a assuré le président de la CFTC, Cyril Chabanier, sur RMC. "Le discours est toujours sincère", mais "quand vous faites une proposition ou une demande, ça ne tourne pas autour du pot pendant vingt ans. Vous avez une réponse, qui vous plaît ou qui ne vous plaît pas, mais vous au moins vous repartez avec une réponse", a-t-il avancé.
Elle ne "cède aucun pouce de terrain"
Elisabeth Borne est "dure en affaires", a confirmé Yves Veyrier, secrétaire général de Force Ouvrière, sur BFM Business. Elle a la "maîtrise de ses dossiers" et elle est "difficile à convaincre", a-t-il souligné, estimant que sa capacité d'écoute est "variable". Pendant la crise sanitaire, "on a eu beaucoup de réunions […], sur un certain nombre de sujets on a réussi à faire passer nos messages, à être écouté et entendu, sur d'autres on avait parfois le sentiment que la réunion était pour la forme, que la décision était prise", s'est rappelé Yves Veyrier.
Même ton du côté de la CFDT. "On l'a rencontrée comme ministre du Travail lors de la crise sanitaire. On a eu de l'écoute, il y a des moments où elle a suivi l'avis des organisations syndicales et patronales", notamment au moment du débat sur l'instauration du pass sanitaire en entreprise, a noté Marylise Léon, secrétaire générale adjointe de la CFDT, sur Franceinfo. "On lui a dit que ce n'était pas du tout une bonne idée, elle nous a écouté", a-t-elle assuré. Parfois, elle ne "cède aucun pouce de terrain", a reconnu François Hommeril, président de la CFE-CGC, sur la même radio.
Une "bonne nouvelle" pour le Medef
Pour la CGT, le feu est rouge. Le secrétaire général de la CGT a fustigé sur LCI le bilan "très négatif" d'Elisabeth Borne. La nouvelle cheffe du gouvernement, lorsqu'elle était ministre, "a changé le statut des cheminots", "a ouvert à la concurrence le réseau SNCF" ou "a toujours refusé de donner un coup de pouce au Smic", a énuméré Philippe Martinez, estimant qu'on peut "venir de la gauche et avoir des réactions et des positions libérales, comme Manuel Valls". Par ailleurs, "elle écoute mais elle n'entend pas, elle est comme Emmanuel Macron", a-t-il poursuivi.
Le Medef, en revanche, salue une "bonne nouvelle" par la voix de son président délégué, Patrick Martin. "C'est une bonne nouvelle en ce sens qu'on la connait. On a tous nos qualités et nos défauts, elle en a quelques-uns, mais elle est objective", a-t-il déclaré sur BFM Business. "Elle a une certaine autorité, mais je crois qu'il en faut dans ces fonctions. Elle écoute, c'est certain, [mais] on ne sait pas si elle entend toujours", a nuancé le représentant patronal, qui a précisé attendre surtout le "discours de politique générale parce que pour l'instant on reste surtout dans le flou".