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Budget: Alexandra Roulet, meilleure jeune économiste, estime qu'il est "justifié" de demander un effort aux plus riches

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La professeure d'économie à l'Insead était invitée ce matin de Good Morning Business pour faire le point sur les pistes envisagées pour endiguer la dette publique.

Avec la crainte d'un déficit à 7% du PIB pour 2025, les pistes envisagées pour enrayer le dérapage budgétaire de la France fusent depuis plusieurs semaines. Récompensée du Prix du meilleur jeune économiste 2024, Alexandra Roulet estime qu'il est "justifié de demander une contribution exceptionnelle" aux Français les plus riches.

Invitée sur le plateau de Good Morning Business ce matin, l'ancienne conseillère économique auprès d'Emmanuel Macron et Elisabeth Borne a partagé ses analyses tout en admettant que la société a besoin de "sentir que l'effort est réparti équitablement".

"Une partie de l'effort doit être rapide"

Alexandra Roulet a d'emblée partagé le constat d'une "situation préoccupante" qui nécessite des "actions fortes et difficiles" en matière de consolidation budgétaire. "Une partie de l'effort doit être rapide et s'étaler sur un horizon à 7 ans", défend-elle. Mais pas trop rapide non plus, au risque de "casser la croissance".

Celle qui a épaulé le gouvernement démissionnaire sur ses décisions passées rappelle la présence d'un déficit primaire, qui se crée mécaniquement lorsque les dépenses dépassent les recettes. "Des pays comme le Portugal et la Grèce, qui sont des mauvais élèves des finances publiques, ont réussi à retrouver un équilibre", ajoute-t-elle.

Alexandra Roulet, Meilleure jeune économiste 2024, professeure à l'Insead - 04/10
Alexandra Roulet, Meilleure jeune économiste 2024, professeure à l'Insead - 04/10
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Mais pourquoi la France se retrouve dans cette situation? Alexandra Roulet évoque un système de dépenses publiques "très généreux" auquel aucun gouvernement ne souhaitait réellement toucher. La période de crise sanitaire est aussi pointée du doigt, en particulier les aides accordées "dans un temps imparti" comme le bouclier énergétique qui a bénéficié à "des personnes qui n'en avaient pas besoin".

Le ralentissement de la productivité et de la croissance est également un facteur clé et les 60 milliards d'économies annoncées pour ramener le déficit à 5% du PIB pourrait être contreproductif et surtout perçu comme inéquitable.

Un effort "réparti équitablement"

"Il faut préserver au maximum la croissance mais aussi le lien social", explique-t-elle. "Il y a cette perception que dans les réformes structurelles - comme celle des retraites ou de l'assurance-chômage - les efforts demandés concernent toujours une même partie de la population".

D'après elle, la société aurait besoin de "sentir que l'effort est réparti équitablement", y compris auprès des "plus privilégiés". L'économiste estime qu'il est "justifié de demander une contribution exceptionnelle" aux Français les plus riches mais aussi les 300 plus grandes entreprises. D'autant plus car une bonne partie d'entre elles s'adonnerait à de "l'optimisation fiscale", un sujet qui fait l'objet de réflexions mondiales au sein du G20.

Autre piste qui pourrait être envisagée selon Alexandra Roulet: la suppression de niches fiscales spécifiques comme celle de la TVA réduite pour les hôtels et restaurants pendant la pandémie. "C'est un secteur qui a été très protégé pendant la pandémie mais cela ne s'est pas répercuté sur la baisse des prix", conclut-elle.

Pierre Berthoux