Budget 2025: Faure appelle à "un compromis" avec Bayrou pour éviter "le chaos"

Olivier Faure le 10 décembre 2024. - Thomas SAMSON / AFP
Un changement de ton. Moins de 24 heures après avoir échangé avec le ministre de l'Économie et la ministre en charge des Comptes publics qu'il a menacé de censure sans "concessions remarquables" sur le budget, Olivier Faure met dans l'eau dans son vin.
"Nous aurions pu être dans une opposition totale et considérer que rien n'est possible avec ce gouvernement", juge Olivier Faure qui se dit cependant "ouvert au compromis" avec François Bayrou ce mardi 7 janvier sur France inter.
Le gouvernement tend la main aux socialistes
Si les socialistes avaient dans un premier temps envisagé de rentrer dans le gouvernement dirigé par le centriste, les négociations avaient ensuite tourné au fiasco. François Bayrou avait en effet refusé de suspendre la réforme des retraites à 64 ans.
C'était pourtant l'une des principales demandes de la gauche pour accepter d'entrer au gouvernement ou au moins de ne pas faire tomber le Premier ministre dans les prochains mois.
Mais l'exécutif sait qu'il a besoin du PS et de ses 66 députés pour parvenir à faire adopter son budget de l'État et de la sécurité sociale dans les prochains mois.
Bercy s'est donc lancé dans une opération séduction ces derniers jours. Avant même son rendez-vous avec les dirigeants du parti à la rose, le ministre de l'Économie Éric Lombard avait évoqué sur France inter "les perspectives d'un dialogue fécond" avec eux.
Sans budget, Faure s'inquiète "du chaos"
Si Olivier Faure n'avait guère semblé convaincu après son entretien, le président des sénateurs socialistes Patrick Kanner, également présent, semblait, lui, plutôt satisfait.
"ll y a eu une proposition de modification, d'évolution" de la retraite à 64 ans, a-t-il expliqué, sans préciser les contours des discussions en cours. De quoi parvenir au moins à un accord pour ne pas censurer François Bayrou si le Premier ministre dégainait le 49.3, cette disposition institutionnelle qui permet de faire adopter un texte sans vote, et qui ouvre ensuite la porte au dépôt d'une motion de censure.
Sans censure, et après activation du 49.3, François Bayrou pourrait se vanter d'être parvenu à faire adopter le budget de l'État et de la sécurité sociale en 2025, là où Michel Barnier a échoué. Olivier Faure laisse désormais entendre que la manœuvre n'a rien d'irréaliste.
"Ce qu'il faut, c'est un budget (...) parce que je sais que du chaos naîtrait en réalité une situation qui serait d'abord défavorable aux plus vulnérables, les plus riches s'en tirent toujours", a-t-il expliqué sur France Inter, semblant donc fermer la porte à une censure.
"Une majorité" au NFP "pour le dialogue"
Tout en promettant de s'"opposer très fermement" aux mesures proposées par "l'aile droite voire de droite extrême" du gouvernement, le député de Seine-et-Marne juge que "sur la question budgétaire, sur la question de la vie quotidienne des Français, il faut avancer".
Mais Olivier Faure ne compte cependant pas lâcher le gouvernement sur la réforme des retraites, continuant à réclamer de nouveau "une discussion globale" sur le passage à 64 ans, en espérant "une suspension" du dispositif, sans en faire désormais un casus belli.
"Dans le Nouveau Front populaire, il y a une majorité de parlementaires qui sont pour le dialogue", a encore insisté le patron des socialistes.
La pique a tout d'une pierre dans le jardin de La France insoumise. Jean-Luc Mélenchon a accusé Olivier Faure de "négocier" "un plat de lentilles" ce lundi soir sur X. Le président de la commission des Finances, l'insoumis Éric Coquerel, sera pourtant lui aussi bien reçu par Éric Lombard ce jeudi.