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"Des centaines de milliers ont déjà été vendus": comment les Lutins Farceurs ont débarqué en France

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En France, c'est l'entreprise Mercier qui est derrière le débarquement massif des Lutins Farceurs. Une belle histoire de Noël aussi, pour cette entreprise familiale de Chalon-sur-Saône.

Qui a fait venir en France les lutins farceurs? Armés de ces figurines, de plus en de plus de parents jouent le jeu tout le mois de décembre: ils font faire des bêtises dans la nuit à ces figurines, pour la joie de leurs enfants au réveil. Et les vidéos des méfaits des lutins: de la farine renversée au papier toilette sur le sapin remplissent les fils des réseaux sociaux.

Tout cela ressemble à une veille tradition de Noël et pourtant, si vous n'en avez jamais entendu parler jusqu'ici, c'est normal: elle est toute récente. Du moins en France.

On a retrouvé l’homme qui a fait débarquer les lutins farceurs en France. Il s’appelle Christophe Mallet et il est directeur des achats de Mercier, une entreprise familiale, à l’origine grossiste en produits pour bureaux de tabac. En 2008, elle se diversifie et ouvre une activité de vente de jouets. Elle charge alors son directeur des achats de trouver partout sur la planète les futurs best-seller des magasins de jouets français.

Ce chasseur de pépites ramène en 2014, les Loom Bands, concurrent des Rainbow Loom, ces élastiques qui font fureur dans les cours de recré. 2016, rebelelote: avec le Hand Spinner, cette toupie que les écoliers et collégiens vont s'arracher. Et pour les lutins farceurs? Tout commence en 2019.

"J’avais repéré un petit phénomène sur les réseaux sociaux des pays nordiques", nous explique celui qui scrute Instagram, Tiktok et la presse mondiale.

Ce phénomène, c’est celui des elfes. Leur principe? Des figurines qui font des bêtises pour amuser les enfants et leurs familles.

Convaincu de leur potentiel, il décide d’importer ces elfes en France, et les rebaptisent Lutins Farceurs. Si le nom change, le concept reste le même: des figurines à l’esprit espiègle, dans la pure féerie de Noël. "Je savais que ça marchait ailleurs et je me suis dit que c’était un produit dans l’air du temps. C’est un jouet physique, mais qui peut aussi se partager sur les réseaux sociaux. Il peut toucher un public très large et, en plus, il est vraiment dans l’esprit de Noël", détaille-t-il.

Autre atout de taille: son prix. "C’est un produit abordable que tout le monde peut s’offrir", souligne-t-il.

En effet, les deux lutins sont le plus souvent vendus moins de 10 euros en magasin.

Une ascension progressive

Pour Noël 2020, Christophe Mallet obtient la licence exclusive pour commercialiser les Lutins Farceurs en France, directement auprès de l’entreprise américaine. Il commande un premier lot, modeste, mais se heurte à un certain doute de la part de ses collègues: "On ne sait pas vendre des poupées et le concept est inconnu en France" admet-il. Pourtant, il peut compter sur des revendeurs indépendants, des partenaires de longue date qui lui font confiance. "Moi, je savais que ça allait marcher. Des fois, on se trompe bien sûr, mais j’y croyais."

Le succès reste discret ce premier Noël. En 2021 et 2022, les choses s’accélèrent. "On commence à voir des vidéos apparaître sur TikTok, et le bouche-à-oreille s’installe", explique Christophe Mallet. Les commerciaux prennent le relais pour véhiculer l’histoire et convaincre les distributeurs.

"La France est prête"

L’an dernier marque un tournant décisif. Lors du salon du jouet de Deauville, Christophe Mallet convainc JouéClub de rejoindre l’aventure. "Olivier Donval, (le directeur des collections ndlr) m’a dit: "Je le sens, la France est prête". Résultat: les Lutins Farceurs intègrent le catalogue JouéClub et rejoignent en décembre 2023 le top10 des ventes.

Et cette semaine, il est même devenu le jouet le plus vendu par JoueClub, détrônant Skyjo, un jeu de cartes très populaire. "C’est la folie cette année. Je pensais que ça ralentirait une fois le mois de décembre bien entamé, mais ça continue. Les revendeurs cherchent encore des lutins. Nous aurons assez de stock pour satisfaire tout le monde, mais il n’en restera plus beaucoup à la fin du mois", prévoit Christophe Mallet.

Bien qu’il reste discret sur les chiffres, Christophe Mallet confirme que "plusieurs centaines de milliers de lutins ont été écoulés". "Ce genre de succès, ça marque une année exceptionnelle. Je suis surtout fier parce que c’est vraiment un produit dans le pur esprit de Noël", confie-t-il.

Et ce n’est qu’un début: l’entreprise développe maintenant des accessoires et des déguisements autour des Lutins Farceurs pour continuer à surfer sur la vague.

https://twitter.com/AnneKatell Anne-Katell Mousset Rédactrice en chef adjointe BFM Éco