"Garder une âme d'enfant": pour Noël, les lutins farceurs envahissent les maisons et les réseaux sociaux

À la Star Academy, chez Kourtney Kardashian mais aussi dans la police nationale française. Cette année, les lutins farceurs de Noël semblent être partout. Le concept est le suivant: des parents placent chaque jour des petites poupées de lutins dans leur logement avant Noël avec des mises en scène faisant croire à leurs enfants qu'ils leur ont joué un tour.
Une cuisine recouverte de papier toilette, une salle de bain tapissée de traits de crayon (effaçable)... Les parents trouvent de nombreuses idées pendant le mois de décembre pour surprendre leurs enfants. Et font parfois preuve d'une grande inventivité dans leurs vidéos publiées sur les réseaux sociaux: un doudou dans un bloc de glace, une station de ski installée au milieu du salon...
Des lutins américains
Les lutins farceurs ne datent pas d'aujourd'hui. Des familles américaines font faire des blagues à ces poupées depuis des années. Car ils viennent des États-Unis: cette tendance a émergé avec la publication en 2005 d'un livre pour enfants intitulé The Elf on the Shelf, qui raconte comment chaque année, les lutins préparent la saison des fêtes avec le père Noël.
Ce livre, écrit par Carol Aebersold et sa fille Chanda Bell, a popularisé leur tradition familiale: chaque matin, Carol Aebersold cachait un lutin dans un nouvel endroit de leur maison pour que ses enfants le retrouvent.
"C'était quelque chose d'amusant à faire pour nous", expliquait-elle en 2012 au média local Knox News. "Mais personne ne voulait publier le livre. Nous l'avons donc publié nous-mêmes."
Carol Aebersold estimait aussi que son lutin "n'était pas aussi créatif" que ceux qui l'ont suivi, mis en scène par des "mamans spectaculaires". "Mais le Père Noël est un tel gentleman qu'il vous enverra le type de lutin qui convient à votre famille", ajoutait-elle.
"Donner le sourire aux enfants"
Pour Morgane, mère de famille française qui publie ses lutins farceurs sur TikTok, le but est avant tout d'apporter de la joie à ses trois enfants de 9, 14 et 16 ans. "Je le fais depuis l'année dernière, j'avais vu ça sur les réseaux sociaux et j'avais trouvé ça rigolo d'apporter un peu de magie à mes trois enfants le matin au réveil", explique-t-elle à BFMTV.com.
Elle se réjouit, tous les matins jusqu'au 25 décembre, de "les voir se réveiller et que la première chose qu'ils fassent soit de sourire".
Morgane prend elle-même du plaisir à faire ses lutins farceurs: "on a tous besoin, même en tant qu'adultes, de garder une âme d'enfant en nous", juge-t-elle.
Elle essaie toutefois de rester mesurée dans ses installations qui lui prennent une quinzaine de minutes par jour. "J'essaie de trouver des idées pas onéreuses, qui puissent être accessibles à tout le monde. Par exemple, j'ai fait faire des colliers de nouilles à mes lutins, tout le monde peut le reproduire", affirme-t-elle.
Une charge mentale supplémentaire?
Car d'autres mères déplorent aussi la charge mentale que leur apporte ce phénomène, dans une période qui peut déjà être chargée pour les familles entre les cadeaux à trouver et les repas à préparer. Comme cette "Maman cool, quadra happy", qui fin novembre demandait sur TikTok: "qui a inventé ces lutins??"
"Maintenant, on a les petits lutins qui arrivent le 30 novembre, qui doivent faire des bêtises tous les soirs jusqu'au 24 décembre, mais les bêtises, bah c'est à nous de gérer ça! Les parents! Qui a une charge mentale à ajouter au mois de décembre pour trouver la bêtise à faire? C'est nous bien sûr", déclarait-elle.
Avant d'ajouter: "Bon, on est libres de le faire ou pas. Mais quand il y a les copains à l'école qui disent: 'ah moi, mon lutin, il fait ça', ma fille elle comprend pas. Donc du coup, cette année, on fait les lutins".
Sous une autre vidéo, les commentaires vont dans le même sens. Comme cette mère qui souligne qu'elle n'a "pas la force" pour ce jeu. Ou cette autre qui affirme qu'à cause de ses chatons, elle ne peut pas préparer les mises en scène la veille pour le lendemain: "du coup je le fais tôt le matin mais ça fait que j'y pense toute la nuit et dors mal".
Ces critiques sont aussi émises outre-Atlantique. Les filles de la créatrice des lutins farceurs, qui dirigent désormais l'entreprise qui produit ces poupées et leurs produits dérivés, y ont répondu début décembre auprès du New York Post.
"Le lutin fait l'aller-retour entre votre maison et le pôle Nord et se cache dans un nouvel espace chaque nuit", a expliqué Chanda Bell, affirmant que le concept "n'a pas besoin d'être si compliqué".
Face aux mises en scène très élaborées que les réseaux sociaux peuvent donner à avoir, la quinquagénaire conseille de "garder la tradition simple - il s'agit de savoir ce qui convient à votre famille".