Après la moutarde, quels produits pourraient manquer ces prochaines semaines?

Des rayons vides, des quotas de rationnement, des consommateurs qui cherchent des substituts... La pénurie de moutarde qui touche la France depuis plusieurs mois n'en finit pas. Si les professionnels espèrent un retour à la normale d'ici à la fin de l'année, ce sont d'autres produits qui pourraient venir à manquer dans les semaines qui viennent. Les huiles, les féculents, les pâtes, les farines, le riz... La plupart de ces produits sont déjà sous tension et connaissent des niveaux d'achats plus élevés que la moyenne.
"Le niveau de vente sur ces familles de produits reste très élevé, +30 à +50 % sur les huiles chaque semaine par rapport à l’habitude", indique ainsi Myriam Qadi, chargée d’études à l’institut NielsenIQ dans 60 Millions de consommateurs.
Avec les pénuries des mois précédents et la crainte de la poussée inflationniste, un nombre important de ménages font des achats de précaution sur ces produits de base faisant craindre des ruptures plus fréquentes en grande distribution.
Ce qui est déjà le cas certains jours de semaine. Les grandes surfaces étant approvisionnées en début de semaine, il n'est pas rare de trouver des rayons d'huiles ou de féculents clairsemés dès le vendredi. S'il n'y a pas de pénurie à proprement parler grâce à des approvisionnements réguliers, les tensions sur les matières premières persistent.
"Outre les difficultés liées à la guerre, les matières premières d’emballage impactent la disponibilité de certaines références, observe Myriam Qadi. Par exemple, les concentrés d’agrumes ou les boissons réfrigérées sont touchés par les problèmes liés au carton d’emballage et à l’aluminium."
Aux tensions internationales et perturbations de la chaîne logistique s'est ajoutée cet été la sècheresse en France. S'il est trop tôt pour évaluer l'impact global du manque d'eau et des températures caniculaires sur les récoltes, certaines productions vont connaître cette année un recul important. C'est le cas du maïs dont les champs ont "brûlé" au soleil dans certaines régions cet été. Selon les premières prévisions du ministère de l'Agriculture publiées début août, la production est estimée à 12,7 millions de tonnes cette année, soit 18,5% de moins qu'en 2021. Les élevages aussi ont souffert de la chaleur. En période de canicule, l'organisme d'une vache laitière tourne au ralenti et produit ainsi beaucoup moins de lait. Selon la Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL) cité dans Libération, la baisse de la production de lait tourne autour de 20%, soit 4 à 5 litres de moins par vache chaque jour.
S'il n'y a pas pour le moment de risque sur les approvisionnements en lait, les producteurs réclament des hausses de prix à la grande distribution sans lesquelles ils livreront en priorité les industriels qui produisent du fromage et du beurre. Si les enseignes refusent de payer leur lait plus cher, des ruptures pourraient alors se faire jour. D'autres produits alimentaires pourraient venir à manquer dans les mois qui viennent.
C'est le cas du miel et de la pomme de terre. Les professionnels de l'apiculture parlent d'une "année noire" avec des rendements attendus en baisse de 55% par rapport à une année moyenne. La sècheresse extrême dans certaines régions a privé les abeilles de nourriture en empêchant le développement des acacias ou de bruyère. Et quand elles n'ont pas "brûlé" sous la chaleur, le manque d'eau a limité la floraison. Le prix du miel devait flamber dans les mois qui viennent dans nos magasins.
Enfin concernant les pommes de terre, la baisse de rendement devrait elle aussi être inéluctable selon l’Union nationale des producteurs de pommes de terre (UNPT). La filière s'attend à une chute d'activité de 1 milliard d'euros sur l'année, soit un tiers du chiffre d'affaires réalisé par le secteur en France. Comme pour la plupart des secteurs agricoles, c'est la répétition des épisodes de fortes chaleurs qui ont fini par bloquer le développement des tubercules.
"Ce qui est certain, c’est qu’il n’y aura pas suffisamment de pommes de terre pour satisfaire l’ensemble de la demande", redoute le président de l’UNPT dans Libération.
