BFM Business
Economie

Maïs, tournesol, élevage... Alerte rouge sur le monde agricole

La sécheresse à Grignan, dans la Drôme, en juillet 2022.

La sécheresse à Grignan, dans la Drôme, en juillet 2022. - Olivier Chassignole

Entre la sècheresse et la canicule, les grandes productions et les élevages s'inquiètent pour les rendements. S'il est trop tôt pour faire une estimation, la vague de chaleur laissera des traces sur la récolte 2022.

Inquiétude dans le monde agricole. Alors que ce mardi, quelque 69 départements métropolitains sont toujours concernés par un arrêté préfectoral limitant certains usages de l'eau, l'absence de précipitation et les chaleurs étouffantes menacent de laminer une bonne partie des récoltes.

A commencer par le maïs. Cultivé principalement dans l'ouest du pays, la céréale est en période de floraison en cette saison.

"Il risque de beaucoup moins produire cette année, craint Serge Zaka, agroclimatologue chez ITK. La température optimale pour le maïs c'est 31°C, au-delà la croissance diminue et passé 35°C il peut y avoir de gros dégâts, la fécondation diminuent de 50% ce qui entraîne des avortements des grains "

Dans certaines régions comme en Bretagne, les feuilles se replient déjà sur elles-mêmes pour ne pas brûler leur épiderme.

Pénalisé par le manque d'eau en cette période critique de floraison, le risque est que les épis soient plus petits.

-30 à -50% sur le maïs

"La perte de rendement peut atteindre 30 à 50% dans les premières images que nous avons vues, pointe l'agroclimatologue. Mais il encore trop tôt pour avoir une estimation globale de la perte de production. C'est à la fin de la période de floraison, fin août que nous y verrons plus clair."

Autre plante à risque en cette saison: le tournesol. Si la fleur est un peu plus résistante que celle du maïs, à partir de 38°C elle commence à souffrir. Une température largement dépassée depuis plusieurs jours.

D'autant qu'outre le manque de précipitation, l'air chaud qui circule dans l'ouest a un effet néfaste sur les plantes.

"Le vent a un effet "sèche-cheveux" sur la plante, explique Serge Zaka. Il augmente la transpiration végétale, il a un effet desséchant."

S'il est encore trop tôt pour estimer les pertes subies (la récolte se fait en septembre), une diminution de la récolte serait une mauvaise nouvelle pour les consommateurs dans le contexte de pénurie liée à la guerre en Ukraine.

La vache équivalent d'un chauffage

D'autres productions sont en période de polinisation comme le maraîchage dans le sud est. Passé 35°C, la polinisation diminue. Au-delà de 40°C sur plusieurs jours, la plante peut ne rien donner.

"Elles peuvent avorter s'il fait chaud trop longtemps, précise Serge Zaka. Elles fleurissent mais ne produisent pas de légume."

Si les plantes inquiètent, ce sont les élevages qui en bavent le plus depuis quelques jours. Depuis quelques jours, dans la plupart des élevages du nord de la France, les vaches ne sortent plus. Des ventilateurs tournent à plein régime dans les étables et les aniumaux sont brumisés pour faire baisser les températures infernales de 5°C.

"Un ruminant, ça produit beaucoup de chaleur", explique Denis Denion, consultant spécialisé dans l'élevage à TF1. Une vache, c'est l’équivalent d'un chauffage supérieur à 1000 watts."

Cette situation de stress thermique provoque des difficultés respiratoires, empêche les vaches de ruminer et occasione d'importantes pertes de production de lait (entre 2 et 3 kg par jour selon la température estivale, soit 30 à 40% de la production).

"Il y a aussi un danger à long terme, prévient Serge Zaka. Il y a des risques d'avortement quand les températures sont très élevées. Et là c'est la production des années futures qui va être impactée."
Frédéric Bianchi
https://twitter.com/FredericBianchi Frédéric Bianchi Journaliste BFM Éco