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Bisbille pour la future présidence d’Axa

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Le conseil d’administration a lancé un processus de sélection pour remplacer son président Denis Duverne en 2022. Après des tensions internes entre deux candidats, un profil externe est recherché.

La course à la présidence est lancée! En 2022, ce sera (aussi) à Axa de choisir son président. Denis Duverne quittera ses fonctions, atteint par la limite d’âge. Si le choix est encore lointain, le processus est déjà lancé par le comité de gouvernance d’Axa, selon nos informations. Le cabinet de recrutement Egon Zehnder pour "chasser" le futur président.

Ce futur candidat est devenu indispensable à trouver alors que la bataille pour la présidence d’Axa dure depuis plusieurs mois. Et crée des bisbilles en interne. L’an passé, l’administrateur référent Jean-Pierre Clamadieu, président d’Engie, faisait office de candidat favori. Son profil de dirigeant expérimenté, quinze ans passés chez Rhodia puis Solvay, plaidait en sa faveur.

Mais depuis, son étoile a pâli. Chez Engie, le départ fracassant de l’ancienne directrice générale, Isabelle Kocher, ainsi que la bataille autour de Suez, ont terni son image policée. "Il a perdu son crédit auprès de plusieurs administrateurs", explique un proche d’Axa. "Il ne s’est pas assez impliqué", ajoute une autre.

Tensions avec l'ancien patron d'Axa

Surtout, Jean-Pierre Clamadieu a cristallisé l’opposition d’un pilier d’Axa: son ancien patron Henri de Castries. Il reste présent dans le fonctionnement du groupe en dirigeant les Mutuelles Axa, qui sont le premier actionnaire de l’assureur. Selon plusieurs sources, Henri de Castries ne souhaitait pas que Jean-Pierre Clamadieu prenne la présidence d’Axa. "Il le soupçonne de briguer la place au cas où il ne serait pas renouvelé à la présidence d’Engie la même année en 2022", explique un proche des deux hommes.

Il y a des tensions relatives", reconnait un proche d’Axa, qui peine à cacher la situation.

C’est pourtant Henri de Castries qui avait fait venir au conseil d’administration celui qui était, en 2012, patron du chimiste Solvay. Contacté, le président d’Engie n’a pas souhaité faire de commentaire.

L’ancien baron de l’assureur pousse plutôt la candidature d’Antoine Gosset-Grainville qu’il a fait entrer dans la galaxie Axa au printemps dernier. Il est administrateur des Mutuelles d’Axa que préside Henri de Castries, et aussi d’Axa. Ancien directeur adjoint du cabinet de François Fillon à Matignon, il est très proche d’Henri de Castries qu’il a côtoyé lors de la campagne présidentielle de l’ancien Premier ministre en 2017.

Personnage apprécié de tous, consensuel, "il n’a pas de grande expérience de l’assurance", estime certaines sources, alors qu’il a été numéro deux de la Caisse des Dépôts et administrateur de CNP Assurances pendant plusieurs années. Seul véritable handicap: il dirige son cabinet d’avocat BDGS qui travaille avec plusieurs grandes entreprises dans le secteur financier. L’an passé, il conseillait l’assureur Covéa dans sa bataille contre Scor. Et s’expose à des conflits d’intérêt. "Il devra choisir", tranche un de ses détracteurs.

Pour autant, Antoine Gosset-Grainville et Jean-Pierre Clamadieu affichent leur bonne entente. Le premier est d’ailleurs l’avocat d’Engie sur l’ensemble de sa stratégie de recentrage avec les ventes successives de Suez, d’une partie de ses activités de services et de sa filiale GTT.

Un ancien conseiller de Sarkozy comme troisième homme?

Ces dernières semaines, la tension entre Jean-Pierre Clamadieu et Henri de Castries, par personnes interposées, était montée d’un cran. "Les balles fusent", admet un proche d’Axa. Au point qu’il y a quelques jours, le président d’Engie a fait savoir au conseil d’administration d’Axa qu’il ne serait pas candidat à la présidence, selon nos informations. Il va ainsi reprendre en main la gestion du processus de désignation du futur candidat, jusqu’ici géré par une autre membre du conseil, Patricia Barbizet.

Du coup, la seule potentielle candidature d’Antoine Gosset-Grainville n’est pas suffisante et rend indispensable la recherche d’un autre profil. Plusieurs sources évoquent le nom de Xavier Musca, actuellement numéro deux du Crédit Agricole.

"Il fait partie des profils qui cochent les cases", reconnait un proche d’Axa.

L’ancien secrétaire général de l’Elysée sous Nicolas Sarkozy devrait toutefois quitter ses fonctions pour rejoindre Axa. "Si un gros poste se présente à lui, il partira, croit savoir un de ses proches. Il ne vient pas du sérail du Crédit Agricole et sait qu’il ne sera jamais directeur général".

L’objectif serait en tout cas de faire entrer le futur élu au conseil d’Axa lors de l’assemblée générale de mai 2021 afin qu’il se familiarise avec le groupe avant d’en prendre la présidence un an plus tard.

Matthieu Pechberty Journaliste BFM Business