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Bercy temporise dans la bataille entre Suez et Veolia

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Le ministre de l’Economie rencontre mercredi après-midi les dirigeants de Suez. Bruno Le Maire veut prendre le temps d’instruire l’offre de Veolia et refuse l’ultimatum de son PDG, Antoine Frérot.

Le temps joue pour Suez et son directeur général, Bertrand Camus, le sait. Ce mercredi après-midi, lui et le président de Suez, Philippe Varin, rencontrent le ministre de l’Economie. Depuis deux semaines, la direction de Suez s’oppose à l’offensive de Veolia. Dès le départ, Bertrand Camus a mené la fronde, rejoint désormais par Philippe Varin. Désormais, les deux dirigeants ont pour objectif de gagner du temps et de demander au gouvernement d’écouter leurs arguments. "L’Etat doit prendre le temps de regarder attentivement les conséquences de l’offre de Veolia", explique une source proche de Suez.

Message reçu et entendu à Bercy qui ne peut pas aller contre. "Nous écoutons tout le monde et souhaitons instruire le dossier", répond sobrement un proche de Bruno Le Maire.

L’enjeu majeur est celui de l’emploi en France alors que l’offre de Veolia va conduire à une vente des activités d’eau en France au fonds Meridiam. La direction de Suez hurle que cela conduirait à de lourdes suppressions de postes pour réaliser les 500 millions d’euros de synergies promises par Veolia. Son PDG, Antoine Frérot, promet, lui qu’il n’y aura pas d’impact social. Il semble avoir été entendu par la ministre du travail, Elisabeth Borne qui, sur BFM Business, se contentait des promesses du PDG de Veolia.

Bercy refuse l'ultimatum de Veolia

A Bercy, la prudence, voire la méfiance, est de mise. Pas un mot sur le soutien sans réserve de la ministre du travail. Mais une volonté de creuser le sujet.

"Il ne suffit pas de dire qu’il n’y aura pas de casse sociale, on a des objectifs en termes d’emploi et on veut bien comprendre les dossiers, ajoute l’entourage de Bruno Le Maire. Et on regardera d’éventuelles autres offres".

Les deux premières semaines, le gouvernement a largement poussé en faveur d’un mariage en Suez et Veolia. Une opération qui permettrait surtout à Engie d’engager rapidement son virage stratégique vers les énergies renouvelables et les réseaux. Et à l’Etat, son actionnaire à 24%, d’entamer son désengagement du groupe dont la privatisation est prévue dans la loi Pacte.

Mais l’opposition frontale de la direction de Suez empêche un mariage avec Veolia. "Engie et l’Etat ne peuvent pas vendre Suez à Veolia si le groupe n’en veut pas", note un bon connaisseur du sujet. Bercy se laisse donc du temps pour voir évoluer le dossier, et notamment les offres alternatives de Suez. Il balaie l’ultimatum du 30 septembre lancé par le PDG de Veolia. "On a le PLF (projet de loi de finances, ndlr) avant, balaie-t-on au ministère. Ce n’est pas à eux de décider quand on vend une entreprise". Fermer le ban.

  • Rencontre prévue avec François Baroin

C’est une nouvelle réunion cruciale pour les dirigeants de Suez. En début de semaine prochaine, ils doivent rencontrer le président de l’Association des Maires de France (AMF), François Baroin. Un rendez-vous majeur alors que l’ancien ministre ne s’est pas exprimé sur le projet de Veolia de racheter Suez. Son silence est jugé "assourdissant" chez Suez et interprété comme un soutien implicite à Veolia. Pourtant, la métropole de Troyes a mis fin, en 2017, a 25 ans de contrat avec Veolia pour reprendre en régie publique la gestion et l’assainissement de l’eau.

Matthieu Pechberty Journaliste BFM Business