Vésubie: après la tempête Aline, la crainte de voir les habitants quitter la vallée

Si les dégâts causés par Aline ont été moindre que lors de la tempête Alex il y a trois ans, les habitants dénoncent des ouvrages à l'époque inachevés, et qui ont depuis été emportés par les nouvelles intempéries. Beaucoup s'interrogent sur la possibilité de continuer à vivre dans la vallée sur le long terme.

La tempête de trop? Alors que la maire de Venanson s'interrogeait en début de semaine sur la possibilité de continuer à vivre dans les villages de montagne, la question trotte également dans la tête des habitants de Saint-Martin-Vésubie. Toujours marquée par le passage de la tempête Alex il y a trois ans, la vallée a de nouveau essuyé d'importants dégâts causés par la tempête Aline le 20 octobre dernier.

D'importants dommages qui ont ravivé la colère des habitants de la vallée. Ces derniers pointent du doigt des ouvrages de reconstruction inachevés après la tempête Alex en 2020, dont certains ont été de nouveau emportés lors des intempéries de la semaine dernière. Les habitants s'inquiètent de voir une situation se répéter.

"On risque d'avoir le même problème à chaque fois", déplore Bernard, retraité de Saint-Martin-Vésubie, au micro de BFM Nice Côte d'Azur. "On s'est retrouvé avec un trou béant entre notre route et le pont."

Des personnes "qui sont prêtes à partir"

Même si certaines routes, dont le pont de Venanson qui avait été emporté par la Vésubie, ont été rouvertes depuis vendredi, les habitants se montrent méfiants sur la volonté des autorités à engager des travaux pérennes, sachant qu'ils vivaient depuis trois ans avec des ouvrages temporaires.

Certains en viennent même à se poser la question de continuer à vivre dans la vallée si des mesures viables sur le long terme ne sont pas appliquées.

"Aujourd'hui, on a quelques personnes, et des personnes qui sont là depuis très longtemps, qui sont prêtes à partir si on n'a pas de solution durable, et si on n'a pas de réponses", déclare Maryline, gérante de la boulangerie et du tabac de Saint-Martin-Vésubie.

Pour Loetitia Loré, maire de Venanson, cette possibilité ne vient pas tellement d'une réelle envie de la part des habitants de quitter la vallée, mais plutôt d'un besoin de sécurité qui n'a pas été pris en compte jusque-là.

"Il n'y a pas d'options. On veut rester vivre dans nos villages. Par contre, en nous mettant en danger...", expliquait-elle ce jeudi sur le plateau d'Azur Politiques. "Si, effectivement, ils ne sentent pas qu'il y a un engouement pour démarrer ces travaux pérennes rapidement... S'il faut, c'est dans six mois que ça recommence, dans un an."

"Je ne sais pas comment on va se relever de ça"

Sur le court-terme, cette nouvelle tempête représente un risque pour l'attractivité de la vallée de la Vésubie. "Deux tempêtes en trois ans, je ne sais pas comment on va se relever de ça", s'inquiétait jeudi soir Loetitia Loré.

Car la vallée est en temps normal un secteur plutôt touristique. Mais alors que les vacances scolaires se poursuivent jusqu'à la fin de semaine prochaine, les commerçants de Saint-Martin-Vésubie ne voient pas beaucoup de touristes passer leur porte depuis la tempête.

"Pour l'instant, les gens ne montent pas. On peut les comprendre, ils ne connaissent pas l'état des routes", souligne Maryline. "C'est un village qui est normalement très touristique et basé sur les activités de montagne. Or, là, tout est à l'arrêt. Donc effectivement, il n'y a pas de clients, il n'y a personne."

Les commerçants du village s'inquiètent également de voir les visiteurs déserter la vallée sur le long terme. Car Saint-Martin-Vésubie accueille notamment des résidences secondaires et voit souvent des visiteurs venus de Nice, d'Antibes et du reste de la Côte d'Azur venir passer quelques jours ou des vacances dans la vallée. Autant de visiteurs qui pourraient changer de destination en raison des risques répétés de tempête.

"Ça va avoir un impact sur les ventes, sur les locations, et sur les week-ends. Les gens ne peuvent pas se prendre une annonce d'intempéries dans un week-end ou dans une période de vacances. (...) Cette crainte va monter de plus en plus, et ils vont changer d'habitudes", déclare Marco, boucher de Saint-Martin-Vésubie.

"On risque vraiment d'être impacté pour l'avenir"

Une baisse de fréquentation qui pourrait alors signer la fin des petits commerces comme le sien, s'inquiète l'artisan. "Saint-Martin, il y a quand même une énergie, une envie de rester au village. Mais la suite, on ne sait pas. Si ça continuer à se répéter comme ça, que tout n'est pas fini jusqu'au bout, on risque vraiment d'être impacté pour l'avenir", conclut-il.

Avant d'en arriver là, les travaux se poursuivent pour rétablir les routes dans la vallée de la Vésubie. Thierry Ingigliardi, adjoint à la reconstruction à la mairie de Saint-Martin-Vésubie, assurait ce vendredi matin que tous les accès devraient être rétablis "maximum vendredi prochain".

De son côté, le département a annoncé une aide de 15 millions d'euros pour aider à la reconstruction, dans la mesure où celle-ci concernerait des ouvrages durables.

Laurène Rocheteau