Routes, commerces, travaux: où en est-on, une semaine après le passage de la tempête Aline?

Un début de retour à la normale pour les habitants de la Vésubie. Une semaine après le passage de la tempête Aline, les travaux se poursuivent pour rétablir les ouvrages endommagés par les intempéries dans cette vallée, qui a été la plus touchée par l'épisode météorologique survenu le 20 octobre dernier.
Si les services de l'État ont voulu accélérer le processus, en prenant notamment deux arrêtés d'urgence signés par le préfet pour permettre de faciliter la reconstruction, c'est un sentiment de colère qui domine chez les habitants de la vallée. Ils dénoncent pour la plupart, les travaux inachevés de reconstruction après la tempête Alex en 2020.
· Certaines routes toujours coupées
Parmi les ouvrages définitifs rétablis après la tempête Alex en 2020, la plupart ont résisté au passage de la tempête Aline. Mais dans la Vésubie, plusieurs ouvrages temporaires ont cédé lors de ces intempéries.
Sur la route du Boréon, 30 mètres de chaussée ont été arrachés par la Vésubie. Plusieurs passages à gué ont également été submergés. Le pont de Maïssa et l'accès au pont des Trois Ponts ont été particulièrement touchés. Une route temporaire menant au pont Maïssa devrait toutefois être opérationnelle dès ce week-end.
L'accès à Venanson, dont le pont avait été emporté par la Vésubie, a également été rétabli en milieu de semaine. Si les riverains doivent encore partager la chaussée avec les engins de chantier, un gravillonnage doit être mis en place ce vendredi 27 octobre pour rendre la route plus étanche.
Dans le reste de la vallée, d'autres routes restent encore inaccessibles. "Pour l'instant, on est entre les deux ponts qui ont été réparés, donc on vient toujours à pied", explique Maryline, habitante de Saint-Martin-Vésubie, au micro de BFM Nice Côte d'Azur. "Les deux véhicules sont bloqués à la maison, on n'a pas de moyen de passer, d'aller au village."
La route menant à Valdeblore est elle aussi toujours coupée. Une situation difficile pour les habitants de cette commune, qui doivent désormais mettre une heure pour rejoindre Saint-Martin-Vésubie, alors que ce trajet ne prend à l'ordinaire que 20 minutes.
"Je passe par La Colmiane, je redescends sur les pistes de Venanson, par le village de Venanson, et nous redescendons sur le village de Saint-Martin", explique la maire de Valdeblore, Carole Cervel.
Mais ce trajet est difficilement accessible pour une voiture classique, il faut plutôt un modèle de type 4x4 pour pouvoir l'emprunter, précise l'élue.
Les travaux se poursuivent toutefois pour rétablir au plus vite les routes encore coupées. Thierry Ingigliardi, adjoint à la reconstruction à la mairie de Saint-Martin-Vésubie, assure que les travaux prendront encore au maximum une semaine.
"Il y a des gens qui sont encore enclavés. Maximum vendredi prochain, tous les accès seront rétablis. Soit en gravier, sinon le goudronnage va reprendre rapidement", affirme-t-il. Même chose pour les "deux maisons, voire trois", qui manquent encore d'accès à l'eau potable: celle-ci "va être restaurée aujourd'hui", poursuit Thierry Ingigliardi.
Les chantiers sont pour le moment entrepris dans l'urgence dans la Vésubie, pour permettre aux habitants de pouvoir se déplacer. Mais la consolidation des routes et des berges sera le prochain gros chantier dans la vallée.
· Les commerces reprennent, des lieux d'activité rouverts
Les commerçants de Saint-Martin-Vésubie qui ont été peu touchés par les intempéries ont repris leur activité, même s'ils s'inquiètent désormais de l'absence de leur clientèle, alors même que les vacances scolaires se poursuivent.
"Pour l'instant, les gens ne montent pas. On peut les comprendre, ils ne connaissent pas l'état des routes", déplore Maryline, responsable de la boulangerie et du tabac. "C'est un village qui est normalement très touristique et basé sur les activités de montagne. Or, là, tout est à l'arrêt. Donc effectivement, il n'y a pas de clients, il n'y a personne."
Certains lieux d'activités, comme le Vesubia Mountain Park, la station de La Colmiane ou le bassin de baignade, n'ont pas subi de dommages et ont pu rouvrir pour les vacances scolaires. "La plupart de nos structures touristiques ont pu être rouvertes dès le lundi matin", affirme Elio Foca, directeur du syndicat mixte pour le développement de la vallée de la Vésubie.
Le parc animalier Alpha, situé dans le Boréon, a quant à lui dû être fermé après la tempête. Les animaux sont toutefois en bonne santé, la tempête n'ayant pas causé de dégât sur les enclos. Mais le parc ne pourra toutefois pas rouvrir tant que les berges de la route menant au parc n'auront pas été consolidées.
"Il va falloir travailler sur ces sites de manière définitive, et il faudrait rouvrir la route très rapidement", poursuit Elio Foca. Concernant le parc Alpha, il dit espérer "le rouvrir avant l'été prochain".
· 15 millions d'euros d'aide du département
Au total, le coût des dégâts causés par la tempête Aline a été estimé à 40 millions d'euros, dont 31 millions uniquement sur Saint-Martin-Vésubie. Le département des Alpes-Maritimes a annoncé ce jeudi débloquer une aide de 15 millions d'euros pour aider à la reconstruction de la vallée.
Dans le détail, 500.000 euros permettront de venir en aide aux habitants, 500.000 euros également seront dédiés aux entreprises, et 6 millions d'euros seront versés aux communes et intercommunalités. Le département s'est aussi dit prêt à prendre en charge à hauteur de 20% les travaux du Syndicat mixte pour les inondations, l'aménagement et la gestion de l'eau.
Sur le secteur de Saint-Martin-Vésubie, la métropole Nice Côte d'Azur est en charge de la gestion des travaux, mais le département assure qu'il gardera un œil attentif sur les fonds engagés. Le député des Alpes-Maritimes Éric Ciotti appelle notamment à un accord rapide avec la métropole.
"Face aux difficultés qu'elle a rencontrées, que nous allions le plus vite possible, et qu'elle aille le plus vite possible, parce que l'urgence, c'est sécuriser les routes, sécuriser les quartiers, c'est encore sécuriser des villages", a-t-il déclaré.
Le département s'est par ailleurs dit prêt à faire évoluer son aide en fonction des besoins, mais uniquement pour des constructions durables.
· La colère des habitants
La durabilité des travaux est justement le sujet principalement abordé depuis le passage de la tempête Aline. Les habitants de la Vésubie ne cachent pas leur colère concernant les travaux inachevés de reconstruction après la tempête Alex en 2020.
"Ce qui nous met en colère c'est qu'on a que des choses provisoires qui ont été faites, on n'a rien de définitif. On a aucune sécurisation de nos berges", avait déploré une habitante en début de semaine, lors de la visite du ministre de la Transition écologique Christophe Béchu dans la Vésubie.
"On se retrouve avec le même impact qu'avec Alex: il n'y a plus de routes", confirme Marco, boucher du village. "Les travaux ont été faits sur du provisoire, n'ont pas été terminés. (...) Et on retrouve tout dans la rivière, comme s'ils n'avaient rien fait."
La maire de Venanson, dont le village s'est temporairement retrouvé coupé du monde en fin de semaine dernière, a elle aussi pointé du doigt la gestion des travaux de reconstruction après Alex.
"Il y a de l'incompréhension qui génère de la colère. Si les travaux avaient été faits de manière durable, le village n'aurait pas été coupé", avait-elle déclaré auprès de BFM Nice Côte d'Azur.
Carole Cervel, maire de Valdeblore, espère aussi voir la route bientôt rétablie entre son village et celui de Saint-Martin-Vésubie, car certains habitants se trouvent aujourd'hui dans l'incapacité de se rendre sur leur lieu de travail.
"Aujourd'hui, nous sommes presque paralysés. (...) Ils sont obligés de s'adapter. Certains sont obligés de faire deux heures de trajet le matin, deux heures de trajet le soir. Certains ne peuvent plus travailler. C'est vraiment très compliqué, l'axe est essentiel."
· Des habitants pensent à quitter le village
Outre la colère, c'est aussi l'inquiétude qui règne désormais chez les habitants de Saint-Martin-Vésubie. Beaucoup se demandent si le type de dégâts subis vendredi dernier sont voués à se répéter à chaque nouvelle tempête.
"Est-ce qu'il est encore envisageable d'imaginer que l'on va pouvoir continuer à vivre dans nos villages?" s'interrogeait en début de semaine Loetitia Loré, maire de Venanson.
Face à la crainte de se retrouver une nouvelle fois coupés du monde lors d'intempéries, ou de devoir s'accommoder à des ouvrages temporaires, certains habitants envisagent de quitter Saint-Martin-Vésubie.
"Aujourd'hui, on a quelques personnes, et des personnes qui sont là depuis très longtemps, qui sont prêtes à partir si on n'a pas de solution durable, et si on n'a pas des réponses", rapporte Maryline.
Les habitants craignent également l'impact de ces tempêtes à répétition, et celui de la durée et de la stabilité des travaux de reconstruction pour l'attractivité du village, qui accueille généralement beaucoup de touristes, ainsi que des visiteurs venus de la Côte d'Azur pour des vacances, ou le temps d'un week-end.
"Ça va commencer à décourager. (...) Beaucoup de gens de Nice, d'Antibes, de Monaco, qui ont du secondaire ou qui montent en vacances, et ça fait que cette crainte va monter de plus en plus, et ils vont changer d'habitudes", déplore Marco.
De leurs côtés, les commerçants de Saint-Martin-Vésuvie dénoncent un manque d'information de la part des autorités concernant les avancements des travaux déjà engagés depuis 2020, après la tempête Alex, et sur la réouverture des routes encore bloquées depuis Aline.
Une réunion est notamment prévue ce samedi entre les commerçants du village et le député Éric Ciotti. "On espère avoir un peu plus de nouvelles", conclut Laurent Fredj, président des commerçants de Saint-Martin-Vésubie.