Retard, coût... Le sénateur Philippe Tabarot demande une commission d'enquête parlementaire sur le tunnel de Tende

Les travaux du tunnel de Tende. - BFM Nice Côte d'Azur
"La France a-t-elle été flouée dans cette opération?" Alors que les retards de chantier s'enchaînent dans le projet de réhabilitation du tunnel de Tende entre la France et l'Italie, le sénateur (LR) des Alpes-Maritimes Philippe Tabarot a déposé une demande pour la création d'une commission d'enquête parlementaire.
Dans un document déposé fin mars à la présidence du Sénat, il estime cette commission nécessaire pour déterminer l'utilisation des fonds publics dans ce projet.
"Celle-ci permettrait de définir avec objectivité, avec des moyens juridiques contraignants, si l’utilisation des fonds français alloués est conforme au résultat attendu, et communiqué comme tel, par les Italiens", indique-t-il dans un communiqué ce mercredi 17 avril.
"En 2024, le nouveau tube n'est toujours pas finalisé, et l'ancien n'est toujours pas réhabilité, alors que les coûts ont largement dépassé les prévisions d'origine", rappelle-t-il dans sa proposition. "On constate une explosion du budget des travaux, qui est passé de 150 millions à plus de 250 millions d'euros."
Un chantier financé par l'Etat, la région et le département
Le projet lancé il y a près de 12 ans, prévoit la réhabilitation du tunnel existant, ainsi que le perçage d'un nouveau tube de 3,25 kilomètres de longueur, dont la moitié se trouve du côté français.
Le chantier est financé par la France et l'Italie avec, côté français, un partage des coûts entre l'Etat, la région Provence-Alpes-Côte d'Azur, et le département des Alpes-Maritimes.
Le sénateur souligne l'importance d'avoir une commission d'enquête parlementaire pour déterminer l'utilisation des fonds apportés par la France sur ce projet, alors même qu'elle y participe "à près de 42%".
Le projet historique est toutefois piloté par l'État italien avec pour maître d'ouvrage la société Anas, gérante du réseau routier italien. Beaucoup ont toutefois dénoncé un manque de transparence du côté italien sur l'avancée des travaux.
"Ça fait longtemps que je dis qu'on ne doit plus croire aux annonces qui nous sont faites par l'Anas", déplorait en début d'année le maire de Tende, Jean-Pierre Vassallo.
Une fin des travaux "maintes fois repoussée"
En mars dernier, des élus de la Roya se sont rendus sur le chantier du tunnel et ont assuré que ce dernier ne pourrait pas être livré "avant 2025". Un nouveau retard de chantier pour lequel aucune date de fin n'a été officiellement donnée, dénonce aujourd'hui le sénateur des Alpes-Maritimes.
"Après avoir été maintes fois repoussée, la fin des travaux du tunnel de Tende devrait encore prendre du retard", pointe Philippe Tabarot. "La réouverture du nouveau tunnel était attendue pour 2023, puis a été reportée en juin 2024, et serait de nouveau prolongée au-delà de l'été 2024, sans date précise annoncée."
De leur côté, les élus locaux sont las d'une situation qui pèse sur le commerce de la vallée. Ils pointent même un manque de main d'œuvre pour finir les travaux. Le nombre de personnes travaillant sur le chantier serait ainsi "très insuffisant au regard de l'ampleur des travaux", a estimé Sébastien Olharan, maire de Breil-sur-Roya, lors de la visite du chantier.
D'autant que le chantier avait souffert, comme beaucoup d'autres ouvrages de la vallée, du passage de la tempête Alex en 2020, qui avait ainsi rajouté du retard à un calendrier qui s'allongeait déjà.