Quels sont les bons réflexes à adopter en cas de découverte d'un nid de tortues sur la Côte d'Azur?

Retour à la mer d'une tortue Caouanne sur les plages de Fréjus en 2020. - DR Association Marineland/Carole Ida Vois
Une "rare" découverte. Après l'observation officielle d'une tortue marine de l'espèce protégée Caouanne en train de pondre pour la première fois dans les Alpes-Maritimes, certains spécialistes montent au créneau pour prévenir tout comportement humain pouvant déranger l'animal.
Habituellement davantage observée au large de la Méditerranée orientale et sur les plages de Grèce, Chype ou encore, depuis une dizaine d'années, de l'Italie ou l'Espagne, l'une de ces tortues a bel et bien posé ses nageoires sur une plage de Villeneuve-Loubet dans la nuit de dimanche à lundi.
Face à cet événement "exceptionnel", nombreux pourraient être les passants et autres curieux à vouloir admirer de (trop) près une tortue sur les plages des Alpes-Maritimes ou du Var. Pourtant, Sidonie Catteau, cheffe de projet Tortue Marine de l’Association Marineland et responsable pour les Alpes-Maritimes et le Var du Réseau Tortue Marine de Méditerranée Française (RTMMF) évoque sur BFMTV.com les bons gestes et comportements à adopter.
Afin de ne pas perturber l'animal, il faut "garder cinq à dix mètres de distance, rester silencieux et ne pas éclairer" la tortue sous peine de l'effrayer, selon cette dernière. "Vient ensuite un moment crucial, celui de relever l'endroit et le communiquer" aux spécialistes. Ces derniers viendront par la suite protéger le site et empêcher sa dégradation ou toute autre perturbation.
"Le but pour nous est d'observer, apprendre en récoltant des données, mais de ne pas du tout intervenir dans le processus", indique Sidonie Catteau.
En cas de découverte d'un nid de tortues, "les pompiers et les gendarmes" sont les premiers à contacter. Ils relaieront par la suite la découverte auprès de scientifiques, de l'Office français de la biodiversité ou encore du RTMMF.
À l'inverse, la spécialiste appelle "à ne surtout pas perturber l'animal et son environnement en le touchant".
Sidonie Catteau prévient ainsi que seuls les membres du Réseau Tortues Marines de Méditerranée Française sont habilités "par dérogation de l'État" à interagir d'une manière ou d'une autre avec les animaux à carapace.
Une "force de prospection" a d'ailleurs été mise sur pied, composée de bénévoles, et dotée de moyens techniques comme des drones, pour repérer lors de rondes organisées tous les matins sur certaines plages du littoral les potentiels nids et tortues.
"On a de plus en plus de personnes qui, spontanément, nous demandent à participer aux rondes. On n'a pas assez de jours en juillet pour faire participer tout le monde!", se réjouit la cheffe de projet Tortue Marine de l’Association Marineland.
• Un nouveau territoire propice à la reproduction?
Pour autant, cette "montée de tortue", c'est-à-dire son arrivée sur une plage afin de commencer la nidification, signifie-t-elle que les plages du littoral azuréen seront désormais fréquemment visitées par ces reptiles mesurant environ un mètre de long?
"Il est trop tôt pour dire si les paramètres environnementaux permettront des reproductions pérennes", répond Sidonie Catteau, à BFMTV.com.
La prochaine étape pour les spécialistes? Observer si l'"émergence", c'est-à-dire la naissance des tortillons avant qu'ils ne rejoignent la mer, se déroulera correctement.
• D'anciennes observations dans le Var
Pour expliquer la présence de ces tortues sur le littoral français, il "n'existe pas une seule réponse", selon Sidonie Catteau, qui avance deux hypothèses.
En premier lieu, celle du réchauffement climatique, causant "l'augmentation de la température des eaux", notamment en surface, et les "changements des courants marins" amenant les vertébrés jusqu'aux côtes françaises.
En second, celle d'une "évolution naturelle des espèces" suivant les fluctuations entre émergences et disparitions des sites de pontes.
"C'est exceptionnel, mais ça le sera moins dans le futur", estime Sidonie Catteau auprès de BFMTV.com.
C'est d'ailleurs ce qu'il semble s'être déroulé sur l'une des plages de Fréjus, dans le Var, où deux pontes ont été observées en 2016 et 2020, laissant penser que les conditions sont propices aux émergences, "d'autant plus lorsqu'une même tortue vient coup sur coup pondre ses oeufs à cet endroit", explique la responsable pour les Alpes-Maritimes et le Var du Réseau Tortue Marine de Méditerranée Française.

À l'inverse, en 2008 à Saint-Tropez, une autre observation de montée de tortue avait été repérée "mais n'avait rien donné".
Une tortue Caouanne femelle pond environ 100 oeufs par ponte. Ces dernières se produisant entre deux et six fois par saison. De leurs côtés, la période d'incubation des tortillons s'étire en moyenne sur une durée de 55 jours.