"Qu'elle nous dise où il est": au procès de Marlène Dietrich à Nice, le témoignage émouvant de la mère de Thibault Fenu

Une photo de l'accusée Marlène Dietrich avec la victime Thibault Fenu. - DR
Au quatrième jour du procès de Marlène Dietrich à la cour d'assises des Alpes-Maritimes, la parole était ce mercredi aux parties civiles. Marguerite, 74 ans, a été appelée à la barre pour témoigner dans le procès de l'assassinat de son fils, Thibault Fenu, 32 ans au moment de sa disparition.
L'homme n'a plus donné signe de vie depuis une nuit d'octobre 2015 qu'il a passée dans l'appartement de Marlène Dietrich au Cannet.
Selon la thèse de l'accusation, Marlène Dietrich aurait organisé un guet-apens en laissant Seeman Mansour, un amant éconduit de Marlène souffrant de schizophrénie, tuer Thibault Fenu chez elle, dans son appartement du Cannet.
Le corps de la victime aurait ensuite été dissimulé dans la forêt de Mons dans le Var. Sept ans se sont écoulés depuis, et le corps n'a jamais été retrouvé.
Une relation chaotique entre Thibault et Marlène
Désormais, Marguerite ne souhaite plus qu'une chose: connaître la vérité sur la mort de son seul garçon et surtout, le retrouver pour lui donner une sépulture.
"Oui, j'ai des choses à vous dire", entame-t-elle d'une voix faible et tremblante. La septuagénaire a préféré s'asseoir pour livrer son témoignage devant la cour d'assises des Alpes-Maritimes.
"Thibault et moi nous avions une relation fusionnelle... Il me disait tout", raconte-t-elle. Marguerite fait revivre le souvenir d'un garçon gentil, serviable et drôle. "Son rire était tellement spécial, il était communicatif."
Le ton est ensuite plus assuré quand elle rappelle aux jurés que c'est elle, qui a déclenché les investigations de la police.
Après deux ans d'une relation chaotique, Thibault Fenu avait coupé les ponts avec Marlène en repartant en région parisienne. Il était finalement redescendu à Cannes en octobre 2015 après un coup de fil de l'Azuréenne.
"Je savais que ce n'était pas une bonne idée. Mais il était totalement fou d'elle. Rien n'aurait pu l'empêcher", résume la mère.
Un texto inquiétant
A son arrivée à Cannes, son fils lui avait fait part de ses inquiétudes. "Il me disait qu'il se sentait suivi et que Marlène se comportait bizarrement", témoigne Marguerite.
Un autre texto envoyé par Thibault avait encore plus alarmé Marguerite. "Il m'a donné l'adresse de l'appartement de Marlène en précisant 'au cas où'". C'est le dernier message qu'elle recevra de lui.
Après deux journées sans nouvelles, Marguerite avait décidé de prendre la route pour Cannes depuis son domicile de l'Hérault, pour rendre compte de cette disparition au commissariat. En sortant, elle était ensuite allée à l'adresse indiquée par son fils, Boulevard Jean Moulin au Cannet.
"J'ai sonné une première fois à l'interphone, Marlène a décroché quand je me suis présenté, elle a raccroché." Au bout d'une deuxième tentative, elle était finalement descendue.
"Je lui demande où est Thibault, elle me répond qu'il est parti le matin à 7h. Là j'ai tout de suite su... Mon fils était insomniaque, jamais il ne serait parti aussi tôt", souligne Marguerite.
"S'il ne l'avait pas connu, il serait encore là"
Plus tard au cours de l'enquête, Marlène Dietrich avouera au policier avoir assisté à la mort de Thibault Fenu sous les coups de Seeman Mansour, son amant souffrant de schizophrénie. Seeeman Mansour s'est donné la mort six mois après.
Marguerite a, elle, une autre idée sur les circonstances de la mort de son fils. A l'instar de l'accusation, elle est persuadée que Marlène Dietrich a planifié cette altercation chez elle et a aidé à dissimuler le corps de son fils dans l'arrière-pays grassois.
"S'il ne l'avait pas connu (Marlène ndlr), il serait encore là".
C'est à ce moment que la voix de Marguerite se tord. La septuagénaire laisse échapper sa détresse, brisant le silence de la cour d'assises.
"Je veux savoir où il est. Qu'elle nous dise où il est ! Je souffre. C'est mon bébé. Je n'ai nulle part où me recueillir. Je veux lui donner une sépulture. Qu'elle nous dise où il est !".
L'accusée répond
Un long temps passe, ponctué par le son du souffle haletant de Marguerite amplifié dans les enceintes de la cour d'assises. Après ce témoignage, teinté d'émotion, la présidente de la cour donne la parole à l'accusée, installée dans son box, et l'invite à réagir aux déclarations des parties civiles.
Marlène Dietrich tend alors son visage vers le micro fixé sur le plexiglas du box. "Je comprends qu'elles soient frustrées", reconnaît-t-elle avant de poursuivre. "Ma seule erreur dans cette histoire, c'est de ne pas avoir appelé la police quand Seeman l'a tué."
De l'autre côté de la salle, les parties civiles secouent la tête, pas vraiment surprises par le manque d'empathie affiché par l'accusée.
Débuté vendredi dernier, le procès de Marlène Dietrich doit se poursuivre dans les prochains jours au palais de justice de Nice.