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"Je ne suis pas un tueur": la vidéo-testament de l'amant de Marlène Dietrich diffusée lors de son procès

Une photo de l'accusé Marlène Dietrich avec la victime Thibault Fenu.

Une photo de l'accusé Marlène Dietrich avec la victime Thibault Fenu. - DR

Marlène Dietrich est accusée d’avoir organisé et participé meurtre de Thibault Fenu, 32 ans au moment des faits.

Sur les écrans de la salle d’audience, le visage de Seeman Mansour apparaît. Brun, les yeux noirs, le teint méditerranéen, son regard fixé sur l’objectif de son téléphone qu’il tient en mode selfie. Ces traits laissent deviner son jeune âge, 18 ans à peine. 

Au deuxième jour du procès de Marlène Dietrich, la cour a pu visionner ce lundi la vidéo testament enregistrée sur son téléphone par Seeman. Le jeune homme avait été retrouvé pendu, dans la forêt de Mons, quelques mois après la mort de Thibault Fenu.

Ce père d’un enfant en bas âge, originaire de région parisienne a disparu le 22 octobre 2015. Son amante, Marlène Dietrich est accusée d'avoir organisé son assassinat avec l’aide de Seeman Mansour, puis caché son corps dans la même forêt de Mons.

"C’est égoïste ce que je vais faire, mais je ne peux pas faire autrement"

Sur la vidéo, en arrière-plan, on reconnaît le paysage vert et montagneux de l’arrière-pays grassois, avec en fond sonore, le bruit de la Siagne qui coule en contre-bas. C’est ici qu’il s’apprête à mettre fin à ses jours.

"Je fais cette vidéo pour vous dire que je suis désolé, c’est égoïste ce que je vais faire, mais je ne peux pas faire autrement", affirme le jeune homme, le regard déterminé, la voix posée.

Le Pont de Mons, où Seeman Mansour a enregistré sa vidéo testament.
Le Pont de Mons, où Seeman Mansour a enregistré sa vidéo testament. © Wikipédia - Libre de droit

Seule dans son box, l’accusée baisse la tête comme pour éviter de croiser les yeux de celui qui a été son amant durant de longs mois. 

Le jeune homme poursuit: "J’en ai marre, je ne peux pas vivre avec ça, je sais que je ne suis pas un tueur […] Je veux juste trouver la paix et il n’y a que comme ça que j’y arriverais". 

"Quand vous me retrouverez, je veux être incinéré et je veux que mes cendres soient répandues ici au pont de Mons", peut-on entendre dans la vidéo.

Pendant les trois minutes de cette vidéo, jamais on ne sentira le jeune homme flancher. Durant les mois précédents, entre la disparition de Thibault Fenu fin octobre 2015 et son passage à l’acte en mars 2016, Seeman Mansour avait déjà tenté à deux reprises de se suicider.

"Rappelez-vous qui était le bon Seeman, pas le mauvais"

Le jeune homme de 18 ans revient ensuite sur le geste qu’il s’apprête à faire. "Pardonnez-moi, je fais ça pour vous protéger, je fais ça pour me protéger […] rappelez-vous qui était le bon Seeman, pas le mauvais".

En fin de vidéo, comme pour un dernier adieu, Seeman égrène le nom de ces proches. Une liste qui se termine par "Catalina, je ne peux pas vivre sans ma Catalina", le surnom qu’il donnait à Marlène Dietrich. Lorsque la vidéo se termine, un lourd silence règne dans la salle.

Une image de l'appartement de Marlène Dietrich, Boulevard Jean Moulin au Cannet.
Une image de l'appartement de Marlène Dietrich, Boulevard Jean Moulin au Cannet. © Google Maps

Dans le box, l’accusée verse quelques larmes, se recroqueville, se blotti contre son bras droit et sèche ses larmes avec la manche de son pull en maille noir.

Plus tôt dans la matinée, l’audience avait débuté par l’audition par la cour de Laure S., jeune cannoise née en 1996 et dernière copine connue de Seeman. À la barre, la jeune femme brune aux cheveux lisses raconte les quelques mois de relation juste avant le suicide. "Il était encore très amoureux de Marlène, et voulait passer à autre chose avec moi".

La présidente lui demande si le jeune homme lui a confié d’éventuels remords. "Il m’a parlé d’une bagarre qui a dégénéré, et d’un homme qui ne se relevait pas", témoigne la jeune cannoise. La témoin sous-entend qu’elle avait compris que quelque chose de grave était arrivé.

"Je pense qu’il ne voulait pas le tuer", déclare cette dernière lors du procès.

Une chose est sûre en revanche, quelque chose le hantait selon la jeune femme. "Il ne pouvait pas penser à autre chose. Parfois, il restait prostré des heures contre moi sans rien dire. 'On ne porte pas les mêmes bagages', m’a-t-il dit une fois", se souvient Laure S.

"Pourquoi alors ne pas avoir prévenu les gendarmes?", demande Emmanuelle De Rosa, la présidente de la cour d’assises. "Je n’avais pas de détail, je ne savais pas distinguer le vrai de faux, j’ai préféré ne rien dire", lui répond la jeune femme.

"Il me parlait tout le temps de Marlène, il n’arrivait pas à penser à autre chose"

La magistrate lui demande également si elle a déjà vu Seeman conduire. En effet, c’est son téléphone qui borne sur un trajet de l’appartement de Marlène Dietrich jusqu’à la forêt de Mons, le soir du 22 octobre 2015, nuit de la disparation de Thibault Fenu.

Pourtant, le jeune homme n’avait pas son permis. "Non, je ne l’ai jamais vu conduire", rétorque la jeune femme cannoise. Cette dernière insiste sur un point crucial, celui de l’amour que Seeman portait pour la femme dans le box des accusés. "Il me parlait tout le temps de Marlène, il n’arrivait pas à penser à autre chose".

Dans sa vidéo testament, Seeman fait une demande pour ses funérailles. "Une chanson, je veux juste une chanson, je veux qu’on mette "J’ai mal au mic" de Oxmo Puccino. C’est ma musique préférée, c’est exactement ce que je ressens". 

Sur le refrain de ce morceau, le rappeur chante : "J’ai mal au mic, c’est la seule tristesse que je ressens. Tu m’as planté dans le dos, y’avait pas de sang".

Charles de Quillacq avec Alixan Lavorel